Portrait d’entreprise: Heiveld ou l’empowerment des exportateurs sud-africains de rooibos

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©Marine Veith
Dans les plaines arides qui s’étendent au nord de la ville du Cap, pousse le rooibos, un thé rouge aux mille vertus dont les exportations connaissent un boom. C’est ici que des fermiers ont repris leur destin en mains après des siècles d’oppression blanche. Ils ont créé Heiveld, une coopérative de petits propriétaires noirs.

Anti-oxydant, riches en vitamines et minéraux, drainant… Le rooibos, thé rouge sans théine cultivé uniquement dans le massif du Cederberg, est tendance. Ses exportations annuelles ont quadruplé en 13 ans et le marché global compte pour plus de 600 millions de rands (environ 60 millions d’euros) dans l’économie sud-africaine. Si les exportations explosent, les revenus des exploitants sont instables et les marchands et détaillants reçoivent en général, un revenu plus important. C’est pour s’extraire de cette logique que des fermiers, défavorisés au temps de l’apartheid, ont créé une coopérative de petits exploitants, dans la région de Nieuwoudtville. Avec 13 autres fermiers, Jacobus Koopman est à l’origine, au début des années 2000, de la coopérative de Heiveld.

 

Tous anciens ouvriers agricoles payés une misère par les gros exploitants de l’époque, ils sont devenus à la force du poignet, propriétaires de leurs terres et de leur outil de production. Grâce à un prêt du gouvernement, acquis dans le cadre de sa politique de redistribution des terres, Jacobus Koopman a pu racheter l’exploitation sur laquelle il était “esclave”. Les autres modestes fermiers ont fait de même. Il y a trois ans, la coopérative est parvenue à s’affranchir de son revendeur pour traiter directement avec ses clients. Une petite révolution dans l’Afrique du Sud des campagnes encore très marquée par les mentalités coloniales. Les débuts furent difficiles et des ratés se font encore sentir, mais la coopérative avance et compte aujourd’hui 62 propriétaires terriens, dont beaucoup de jeunes de la région. La coopérative produit 60 à 70 tonnes de rooibos cultivé chaque année. En Afrique du Sud, la récolte totale compte plus de 10 000 tonnes par an.

 

Leur rooibos séché au soleil est envoyé dans une usine de Clanwilliam, là où se concentrent les grands exploitants, pour la stérilisation et la mise en sachets. Heiveld travaille actuellement à la mise en place d’une unité d’ensachage et exporte principalement en Europe (Allemagne et France en tête) et aux États-Unis. Heiveld produit également environ 4 tonnes de rooibos sauvage, uniquement destiné à l’export. Un véritable plus pour ce produit qui vise avant tout les consommateurs soucieux de leur bien-être. Le buisson est coupé de manière à pouvoir être récolté sept fois, aucun pesticide ni engrais ne sont utilisés et les feuilles sont séchées naturellement, au soleil. Même le balai employé pour nettoyer la cour est en feuilles de rooibos bio! La coopérative est aussi engagée dans une démarche de commerce équitable. Elle paie à ses ouvriers agricoles un meilleur salaire que dans les autres plantations et essaye de redistribuer les terres aux habitants de la région. En France, le rooibos d’Heiveld est labellisé Alter Eco.

 

Retrouvez un autre article sur ce sujet dans l’édition de mai 2012 du magazine Commerce International.

 

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