Espagne: des mesures pour soutenir les Pme

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Lors du débat sur l’état de la nation, le président du gouvernement espagnol a détaillé un plan pour aider les petites entreprises.

Mariano Rajoy a voulu marquer le 20 février, lors du débat sur l’état de la nation, une nouvelle étape. Après un an de cure d’austérité profonde, le président du gouvernement a annoncé toute une série de réformes pour aider les Pme et petits patrons moteurs d’une éventuelle relance économique.

Première grande mesure, réclamée depuis longtemps par les petits patrons : à partir du 1er janvier 2014, ces derniers et les Pme facturant moins de deux millions d’euros ne paieront la TVA que lorsque leurs clients auront réellement payé les factures. Le secteur accumule depuis plusieurs années des problèmes de liquidité, notamment en raison des retards énormes des administrations publiques. « Nous réclamions cette mesure depuis 2010. Mieux vaut tard que jamais. Nous sommes satisfaits », rétorque Juan de Lucio, directeur du service des études au Conseil supérieur espagnol des Chambres de Commerce. Le gouvernement espagnol donnera aussi un coup de pouce supplémentaire aux entrepreneurs qui accumulent des factures impayées antérieures à janvier 2012 et qui n’avaient pas pu bénéficier du plan antérieur en 2012. 2,7 milliards d’euros seront alloués à ces fins.

Autre soutien : les nouvelles entreprises verront les taux de cotisations de leurs impôts réduits durant les deux premiers exercices, passant de 30 à 15 %. Les entreprises au chiffre d’affaires inférieur à 10 millions d’euros pourront déduire de leurs impôts jusqu’à 10 % des bénéfices réinvestis dans l’activité économique. « C’est une bonne nouvelle, même si nous aurions aimé que ces déductions bénéficient à toutes les entreprises. Les effets de cette mesure seront limités, mais positifs », assure Juan de Lucio.

De manière plus directe, 45 milliards d’euros seront débloqués à travers l’Institut du Crédit Officiel grâce à l’aide des banques assainies et par la création d’avals et de garanties. « L’effet sera modéré, cela permettra d’alléger les problèmes actuels de financement des Pme », poursuit le directeur du service des études au Conseil supérieur espagnol des Chambres de Commerce. Reste à savoir si ces nouvelles mesures faciliteront réellement l’accès au financement. Les banques se défendent souvent en assurant que peu d’entreprises demandent un crédit.

« Si les exigences des banques sont élevées, si le taux de financement est haut ou si elles demandent de nombreux avals, la petite entreprise viendra une fois, voire deux, mais pas trois fois », pense Juan de Lucio. Au-delà, le directeur du service des études se montre très préoccupé par les conditions inégales d’accès au financement en Europe. « Nous sommes censés être dans un marché unique, ce n’est pas logique que certaines entreprises des pays du nord de l’Europe se financent moins chères que celles du sud », lance-t-il.

Madrid a aussi présenté dans la foulée de multiples mesures pour réduire le chômage des jeunes (plus de 53 % des moins de 25 ans sont sans emploi) et promouvoir la création d’entreprises : bonification si l’entreprise qui emploie un jeune transforme son contrat en CDI ; réduction des cotisations sociales durant six mois pour les jeunes entrepreneurs ; possibilité de toucher le chômage durant six mois tout en commençant une activité d’entrepreneur. Enfin, tant que le taux de chômage général ne descendra pas sous les 15%, un système de bonification pour les entreprises employant des jeunes de moins de 30 ans sera mis en place.

Le directeur du service des études du Conseil supérieur des chambres de commerce estime que le contexte général pour l’économie espagnole a évolué en un an : « Aujourd’hui, personne ne parle de sauvetage financier ni de rupture de l’euro comme en 2012. Il reste certes encore beaucoup de chemin à parcourir, mais toutes ces mesures annoncées aideront pour que 2013 ne soit pas une année aussi mauvaise que l’an dernier ». Une fois passées l’incertitude et la tension sur l’Espagne, Juan de Lucio reste en revanche très préoccupé par les incertitudes européennes.

« Les conséquences des élections italiennes, les doutes actuels sur la France, le ralentissement en Allemagne inquiètent. Si la France et l’Allemagne commencent à montrer des signes de faiblesse, notre commerce extérieur en patira. Ma principale crainte concerne la volonté et la capacité de l’UE à avancer vers l’union bancaire, la supervision unique et plus d’intégration », souligne le directeur du service des études.

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