Comme tous les ans, les 135 élèves officiers de la Mission Jeanne d’Arc ont quitté fin février le port militaire de Brest (Finistère) pour plus de quatre mois de formation. La ville et la CCI de Brest ont organisé une mission scientifique et économique sur l’une des escales de la mission. Du 23 au 28 avril dernier, c’est donc à Dubaï et Abou Dhabi que s’est rendue la douzaine d’entreprises participantes intéressées par la mise en place de réseaux commerciaux, une implantation ou encore une extension de leur présence aux Émirats arabes unis (EAU). « La CCI a pris en main le volet économique de la mission, en partenariat avec Ubifrance et les CCI françaises à l’étranger sur place. Un employé du Conseil général du Finistère basé à Dubaï, s’est également chargé de prendre les rendez-vous avec des sociétés locales pour le compte des entreprises brestoises », explique le nouveau président de la CCI, Frank Bellion, qui avait fait le déplacement aux côtés du maire de Brest. Le chef d’entreprise dispose lui-même, depuis 2004, d’une filiale de sa société de services pétroliers à Dubaï (1). Dans le Finistère, les liens commerciaux avec les EAU concernent essentiellement la filière agroalimentaire. Les entreprises participantes, issues d’autres secteurs (lire les témoignages), avaient préalablement constitué un cahier des charges avec la CCI pour définir leurs attentes et besoins. « Les rendez-vous ont été entièrement financés par les partenaires institutionnels. Les entreprises bénéficient également d’un remboursement par le Conseil général des frais de déplacement et d’hébergement à hauteur de 30 % », précise Sébastien Cann, conseiller en développement international à la CCI. À cela s’ajoute l’effet « vitrine » offert par la réception des prospects et partenaires émiratis sur le Mistral.
(1) Société Belmar, spécialisée dans le ravitaillement des compagnies pétrolières et sociétés de forage en pièces détachées, matériels et équipements (marine et industrie).
Témoignages de chefs d’entreprises brestois sur la mission économique Jeanne d’Arc
Jean-Christophe Appriou
Responsable commercial de la société Tech Nature
Société de sous-traitance cosmétique créée en 1996. 50 salariés, CA de 7 millions d’euros, dont 70 % à l’export (Asie, USA, grande Europe). Crée et conditionne des produits destinés aux instituts et spas. Spécialité : conception et fabrication de produits cosmétiques sous forme de poudre.
— « Tech Nature s’est positionnée sur l’export dès sa création. Nous souhaitons aujourd’hui ouvrir l’offre à de nouveaux marchés : Émirats arabes unis, Inde ou encore Pakistan. Je m’étais rendu au salon Beautyworld Middle East 2010 sans chiffrer les objectifs afin de mener quelques prospections. La mission Jeanne d’Arc a permis à la société d’affiner ses contacts. L’un de ceux-ci, qui représente une marque cosmétique opérant à Dubaï, Singapour et au Liban, a fortement apprécié d’être invité à bord du Mistral. Ma présence à l’édition 2011 de Beautyworld Middle East va permettre de conclure nos projets avec plusieurs partenaires. D’ici la fin de l’année, Tech Nature espère réaliser 200 000 à 250 000 euros de chiffre d’affaires sur la zone. Dans la filière des cosmétiques, le Made in France joue un grand rôle dans le succès des échanges internationaux, tout comme la spécialisation des acteurs – la poudre cosmétique dans notre cas. Les Émirats représentent un vrai marché en raison du grand succès qu’y rencontrent les spas et instituts. »
Christophe Goasguen
Directeur général d’Imex CGI
Ensemblier français créé en 2008, fournisseur de systèmes de production d’énergies renouvelables. Huit salariés basés à Plouzané, 10 agents commerciaux répartis sur le territoire français, CA de 2 millions d’euros, dont 140 000 euros à l’international. Spécialité : solaire photovoltaïque, solaire thermique, petit éolien et éclairage autonome (entreprises et particuliers).
— « Notre activité internationale a démarré il y a un an. Nous travaillons prioritairement avec des distributeurs basés dans les pays francophones d’Europe et d’Afrique. Au Maroc, en Tunisie, en Algérie et en Côte d’Ivoire, il existe une demande importante d’installations en autoconsommation adaptées aux conditions locales (chaleur, poussière, sable) et dotées de bons systèmes de stockage de l’énergie. Le marché émirati nous a intéressé, car il présente aussi ces exigences, auxquels nous pouvons répondre. Depuis un an, la personne embauchée par le Conseil général du Finistère sous contrat VIE à Dubaï travaille avec nous sur l’étude de marché et la recherche de partenaires. Mais après m’être rendu sur place avec la mission Jeanne d’Arc, je constate que les Émirats arabes unis ne représentent pas un marché important pour nous. Ce déplacement a surtout permis de réfléchir à d’autres destinations, car les distributeurs rencontrés à Dubaï œuvrent majoritairement en Irak, en Afghanistan, au Liban, au Pakistan et au Yémen. Pour l’Afghanistan par exemple, il nous a été proposé un projet de centrale de moyenne puissance pour alimenter une petite usine de 100 MW. Nous travaillons actuellement dessus. Mais la mise en place de réseaux de distribution au Moyen-Orient, assortie de retombées économiques prendra deux à trois ans ; nous commençons seulement à concrétiser nos projets en Afrique du Nord alors que nous travaillons sur cette zone depuis un an. »
Thierry Houette
Dirigeant associé de Kargus Sea Interconnection (KSI)
Depuis 2005, la société KSI est habilitée par l’État comme organisme de sûreté. Service, conseil, formation et équipement dans le domaine de la sûreté maritime et portuaire pour les autorités portuaires, les opérateurs privés de terminaux et les compagnies maritimes dans le cadre du code ISPS (code international pour la sûreté des navires et des installations portuaires). KSI élabore également des plans de sûreté opérateur (PSO) et des plans particuliers de protection (PPP) pour le compte d’opérateurs d’importance vitale.
— « Dans le cadre de nos activités d’audit et de formation, nous réalisons environ 30 % du chiffre d’affaires à l’étranger : formations sur notre site de Toulon d’opérateurs étrangers, formations sur site, ingénierie de sûreté. Nous travaillons par exemple à la mise en place, pour le logisticien Marsa Maroc, de systèmes de vidéosurveillance dans le port de Casablanca. La sûreté maritime et portuaire, dans sa dimension qualitative, commence seulement à se développer à l’international. Les clients réclament aujourd’hui des plans sur mesure et un accompagnement permanent. C’est pourquoi nous avons créé, il y a un an, Prorisk International, une société de services qui conçoit et met en place des plans de sûreté en France et à l’étranger. J’ai participé à la mission Jeanne d’Arc avec à l’esprit une chasse aux informations sur les besoins des opérateurs émiratis, très préoccupés par la lutte contre la piraterie maritime. Grâce à un petit réseau sur place, nous cherchons actuellement à confirmer l’accessibilité du marché local. Dans un deuxième temps, des implantations de services sont envisageables avec la mise en place de personnels d’accompagnement opérationnel. »