Le boom de la mode masculine

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Depuis le début du 21e siècle, l’homme contemporain s’est émancipé : il s’intéresse davantage à la mode et à la beauté par souci de son propre style et il sait aussi rester dans les codes de la mode masculine. Il cherche des vêtements qui lui procurent une allure esthétique sans faille. Il veut, à tout prix, rester attractif sur le marché du travail et séduire dans la vie privée grâce à sa « dégaine » personnelle. Les architectes et les artistes, les avocats ou les représentants des médias affichent leur goût pour la mode en choisissant la pièce d’un créateur de mode afin de mieux se distinguer du « mainstream ». Et le marché suit. Au mois d’août prochain (les 7 et 8), Londres lance son nouveau Salon Jacket Required rien que pour « lui ».

 

Ce nouveau salon va ainsi concurrencer le Salon Stitch Menswear (30 juin et 1er juillet), positionné sur le même créneau. Mais la nouvelle mode pour l’homme n’est pas que British. Bien au contraire, une foule de jeunes labels internationaux se présentent et se maintiennent sur le marché. à Paris, un tiers des 50 défilés masculins sont régulièrement assurés par de nouveaux venus : les « newcomers ». Etcheberry, Ehud, Alexis Mabille, Juun J, Songzio, Rynshu…, tous ces noms excentriques pourraient devenir les nouveaux incontournables des prochaines années, à l’instar du croate Damir Doma qui fait, à tous coups, salle comble lors de ses défilés. C’est lui qui a lancé l’actuelle tendance de la silhouette ovale, l’ellipse, bombant les hanches. Pour cet été, un brin japonais, il surfe sur la vague de Yamamoto. Ces costumes bermuda ont du chien ; les boutons de ses vestes croisées, légèrement froissées, sont invisibles. La nouvelle mode des « newcomers » est loin de n’être que simplement excentrique : elle a une âme.

 

Les « rubbercoats » en rouge coquelicot du jeune israélien Joseph Ehud représentent exactement ce que recherche l’homme des années 2010 : des pièces fonctionnelles, mais perceptibles. « C’est maintenant ou jamais ; maintenant est le meilleur moment pour lancer une nouvelle marque masculine », estime Ehud qui a montré à Paris, en janvier, sa toute première collection. Lancé en 2004, Adam Kimmel s’est déjà fait un nom outre-Atlantique au point que l’Américain a été invité au prestigieux Swiss Textiles Award de Zurich. Son style ? Le look de Woody Allen, une mode chic pour psy, un brin décalée avec des touches « cow-boy » ou « work-wear », très new-yorkais. « Aujourd’hui ce n’est pas le prêt-à-porter féminin, mais bien la mode masculine qui passionne. De plus en plus d’hommes regardent ce qui se passe sur les catwalks (podiums) », explique Laura Bättig. La jeune styliste suisse est tellement convaincue de ce nouvel engouement qu’elle a ouvert, en 2010, la Fashionslave Menswear & Style Gallery à Zurich, entièrement dédiée aux jeunes marques de la mode masculine. Les Allemands, les Suisses et les Scandinaves sont férus du style du ténébreux Henrik Vibskov.

 

Le Danois, âgé de 38 ans et qui a étudié la mode à Copenhague et, comme Joseph Ehud, à la célèbre Centrals Saint Martins de Londres, en est déjà à sa 14e collection – très conceptuelle. Ce passionné d’art et de musique est souvent en tournée avec son groupe de rock Trentemoller. Plein d’humour, son « street-wear » marie le classique noble, des éléments ethniques et le style nordique. Dès son lancement, il a su séduire les « concept stores » branchés de Paris, Londres, Moscou ou Tokyo. Ces derniers temps, celui qui déclenche la frénésie autour de son travail opère également d’une manière conceptuelle. Derrière la marque Julius – nom à connotation si romaine – se cache le Japonais Tatsuko Horikawa qui, en 2006, a lancé sa mode dans le monde entier avec succès. Car sous ses pulls en maille, genre toile d’araignée, et ses gilets frôlant les genoux, des costumes très structurés se dévoilent. « Mon objectif n’est pas simplement de créer, mais de contribuer au mode de vie et à l’existence d’une personne… », précise-t-il. Exactement ce que recherche l’homme du 3e millénaire.

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