Après la formation du nouveau gouvernement allemand, à nouveau composé du parti conservateur de l’Union Chrétienne-Démocrate et du Parti Social-Démocrate de centre-gauche, la chancelière allemande Angela Merkel est désormais engagée dans d’importantes initiatives de politique étrangère. Sa visite en Chine du 24 au 25 mai dernier met en évidence l’attention qu’elle entend accorder aux relations sino-allemandes -et en particulier aux liens économiques- au cours de son quatrième mandat.
L’ambassade d’Allemagne en Chine montre la nature du partenariat commercial bilatéral de ces pays. En 2017, le volume des échanges a atteint 186,6 milliards d’euros (230 milliards de dollars US), faisant de la Chine le plus grand partenaire commercial de l’Allemagne. Plus précisément, la Chine était la troisième destination la plus importante pour les marchandises allemandes, avec 86,2 milliards d’euros au total. C’était aussi le plus important fournisseur de marchandises à l’Allemagne, avec des exportations de produits d’une valeur de 100,5 milliards d’euros.
Une tendance significative à la hausse est évidente. Le volume des échanges avait baissé de 16,4 milliards d’euros en 2016. Mais dans l’ensemble, «la Chine, en particulier, est devenue un partenaire commercial de plus en plus important pour l’Allemagne» depuis 2000, selon une publication du ministère fédéral allemand de l’économie et de l’énergie à partir d’août 2017.
«Entre 2000 (1,6 %) et 2016 (6,3 %), les exportations allemandes vers la Chine ont presque quadruplé»
La publication du ministère s’est poursuivie : «Entre 2000 (1,6 %) et 2016 (6,3 %), les exportations allemandes vers la Chine ont presque quadruplé. Cela signifie qu’en 2016, la Chine était le deuxième marché le plus important pour les exportateurs allemands en dehors de l’Europe, derrière les États-Unis (8,9 %). La part de la Chine dans les importations allemandes a également augmenté de manière significative au cours de la même période : de 3,5 % (2000) à 9,9 % (2016)».
La relation sino-allemande est décrite par le gouvernement chinois comme un « partenariat stratégique global », ce qui signifie que les deux parties sont constamment à la recherche de domaines de coopération supplémentaires. Les stratégies économiques «Made in China 2025» de Pékin et «Industry 4.0» de Berlin constituent des exemples caractéristiques d’intersections possibles.
Angela Merkel s’efforce actuellement de garantir aux entreprises de son pays un accès plus large au marché chinois et de créer de meilleures conditions pour qu’elles puissent investir et opérer. Avec la politique de «réforme et d’ouverture» de la Chine en cours, sa volonté et sa détermination mettent les autorités chinoises d’accords.
Les médias -y compris les médias allemands- critiquent régulièrement la Chine pour avoir retardé la levée des restrictions, malgré certains progrès déjà réalisés. Mais dans une lettre publiée le 11 mai 2018, la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine a exprimé ses encouragements «par de récentes déclarations publiques de réforme, telles que les documents n°5 et 39 du Conseil d’Etat». En outre, elle a déclaré qu’elle espère que «d’autres cycles de réformes auront lieu avant la fin de 2018», et voit des exemples de réformes déjà réalisées «dans le secteur des services financiers, mais aussi dans le secteur industriel, y compris les industries liées à China Manufacturing 2025». Certaines industries allemandes partagent des positions similaires à celle de la Chambre de commerce de l’UE.
En ce qui concerne la présence de la Chine en Europe, Angela Merkel est pionnière d’une nouvelle approche européenne critique visant à surveiller les investissements chinois dans le contexte de l’initiative Belt and Road du pays. Essentiellement, l’UE conçoit des mesures protectionnistes pour empêcher les investissements dans des travaux d’infrastructure clés par des entreprises d’État chinoises ainsi que les prises de contrôle d’entreprises européennes produisant des technologies sensibles. Bien que le cadre juridique européen devrait être renforcé, l’avantage de la Chine reste sa capacité à offrir des liquidités et à créer des emplois dans des pays désespérés souffrant de chômage.
Malgré leurs différences et leurs désaccords, la Chine et l’Allemagne ont beaucoup plus à gagner en cherchant des solutions communes. Le président Xi Jinping et la chancelière Angela Merkel sont tous deux en faveur du dialogue et des négociations en dépit de la rigueur de certains thèmes. Cette philosophie permet d’avoir plus de synergies bilatérales et multilatérales dans le cadre de l’UE.