Pêche au Pérou: marée haute pour les Français

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Spécialisée dans la pêche et la transformation de produits de mer congelés, Arcopa est aujourd’hui l’une des principales entreprises péruviennes du secteur.

La première fois que René Adrien a entendu parler de la richesse biologique des eaux péruviennes, c’était en 1992. « Venez au Pérou, il y a du poisson », lui avait alors assuré un contact rencontré lors d’une feria en Europe. À l’époque, le Groupe Adrien, fondé par son père, s’affirmait déjà comme l’un des spécialistes de la production, transformation et commercialisation de produits de la mer grâce à plusieurs entreprises, dont France Turbot (élevage de turbots). « Nous avions justement deux chalutiers disponibles et avons décidé d’aller voir de plus près si la rumeur se confirmait », se souvient l’entrepreneur, aujourd’hui à la tête du groupe. Depuis, la famille de pêcheurs de Noirmoutier n’a jamais regretté de s’être rendue en Amérique latine. « Arriver au Pérou pour un pêcheur français, c’est comme un enfant qui entre dans un magasin de jouets », sourit René Adrien. « Savez-vous que le stock vivant de merlus au Pérou équivaut à ce que la France pêche par an, toutes espèces confondues ? C’est un autre monde. » La famille Adrien n’a pas mis longtemps à se rendre compte du potentiel des eaux péruviennes. « À cette période, la situation du pays n’avait rien à voir avec l’actuelle. Il y avait encore très peu d’investisseurs étrangers et nous avons fait l’objet de beaucoup d’attentions », rappelle René Adrien, faisant allusion à la guérilla du Sentier lumineux qui a semé la terreur dans le pays jusqu’au milieu des années 1990.

 

En 1993, le Groupe Adrien s’installe donc à Paita, au nord de la côte péruvienne, près de la frontière avec l’Équateur, et crée l’entreprise Armadores y Congeladores del Pacifico (armateurs et congélateurs du Pacifique), plus connue sous le nom d’Arcopa. Spécialisée dans la pêche et la transformation de produits de mer congelés, Arcopa est aujourd’hui l’une des principales entreprises péruviennes du secteur. « On pêche le merlu et on s’est diversifié avec des espèces comme les anchois et les calamars géants, qui nous ont permis de développer du surimi-base, la matière première qui sert aux professionnels du surimi pour faire les bâtonnets de poisson », détaille le responsable. Propriétaire d’une usine de transformation et de huit chalutiers, Arcopa réalise un chiffre d’affaires de 14 millions de dollars par an (9 millions d’euros), transforme 10 000 tonnes de produits à l’année et peut employer jusqu’à mille personnes par jour au plus haut de la saison. « Pour nous, le Pérou a beaucoup d’avantages : stable politiquement, il est très ouvert sur les échanges internationaux », conclut René Adrien, « tous les facteurs sont réunis pour investir dans ce pays qui a tant de richesses et ne demande qu’à se développer. »

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