« Si vous investissez ici, vous risquerez moins de bouleversements politiques que partout ailleurs en Asie », assure-t-on à New Dehli dans l’entourage de Jérôme Bonnafont, l’ambassadeur de France en Inde. De fait, l’Inde est la plus grande démocratie du monde. Avec une population de 1,1 milliard d’habitants, le sous-continent asiatique a également bâti un réseau universitaire d’une qualité internationalement reconnue, notamment avec l’Indian Institute of Management (IIM) et les Indian Institutes of Technology (IIT), qui collaborent avec les plus grands centres de recherche informatique mondiaux dont le célèbre Massachussetts Institute of Technologies (MIT) aux États-Unis ou le CNRS en France. C’est d’ailleurs sur cette base universitaire que se sont développées les Silicon Valley indiennes de premier plan telles que Bangalore, Hyderabad, Mumbai et Chennai.
Surtout, le pays sait rester jeune. Chaque année, 500 000 ingénieurs, dont 200 000 informaticiens, sortent diplômés. Cette structure démographique installe durablement l’informatique « made in India » sur la scène internationale. C’est même le moteur d’un développement durable. Et à plus d’un titre. « La mondialisation n’est pas une menace pour nous. Au contraire, c’est le moteur d’une formidable croissance économique. Le secteur des services informatiques devrait générer 40 milliards de dollars de revenus en 2007. Avec une croissance attendue de 27 %, nous espérons bien qu’il nous rapportera 50 milliards en 2008 ! », commente Kiran Karnik, président de la National Association of Software & Service Companies (Nasscom). On comprend la fierté des sociétés de services en ingénierie informatique (SSII), telles que TCS-TKS, Infosys, Satyam et autres Wipro, qui appartiennent au prestigieux club « Billion dollar Companies », reconnues par le Gartner pour leur excellence opérationnelle. Bref, l’off-shore informatique tire toute l’économie vers le haut.
Montée en gamme
Pour les grands projets, les SSII indiennes ont adopté un schéma de développement de culture très industrielle qui s’inspire de celui des équipementiers automobiles : qualité, innovation, délais tenus, etc. Un signe : elles sont généralement certifiées CMMI niveau 5. Le must de la qualité en services informatiques ! Quant à la palette des services, non seulement elle est complète mais surtout elle monte en gamme. Après le Business Process Outsourcing (BPO), c’est-à-dire l’externalisation de processus métier reposant sur une architecture informatique (comme la facturation, la paie), qui mobilise toujours 15 000 personnes chez Wipro, par exemple, la gestion des infrastructures techniques, la tierce maintenance applicative et le développement logiciel prennent du poids. Plus étonnant encore, c’est la R&D qui monte au créneau : « Elle représente 30 % de notre chiffre d’affaires », confie Azim Premji, P.-D.G. de Wipro (45 000 collaborateurs), le Bill Gates indien. Exemples de projets : des logiciels embarqués pour la génération 4G des produits mobiles de Sony-Ericsson et des logiciels pour scanners à rayons X pour l’hôpital de Boston, aux États-Unis.