Saint Graal pour certains, bête à abattre pour d’autres, l’interopérabilité des systèmes d’information s’impose comme une nécessité économique et politique. Or, par essence, le logiciel libre est champion toutes catégories de l’interopérabilité. Normal : « Le libre respecte mieux que le propriétaire les standards techniques internationaux de l’interopérabilité : formats de fichiers, protocoles de communication, interfaces, services Web… », constate Boris Auchet, point de contact Logiciels libres chez Bull.
Par ailleurs, il séduit les informaticiens de base et les opérationnels dans les entreprises. « Faute de budgets pour acheter des licences de logiciels propriétaires, ils se tournent vers le libre, souvent gratuit », explique Jean-Noël de Galzain, vice-président PME du pôle de compétitivité System@tic et P-DG de Wallix, un spécialiste de la sécurité informatique. « Comme ces logiciels fonctionnent bien, les projets libres poussent dans tous les coins. Les directeurs informatiques les incluent alors dans leur stratégie afin d’en industrialiser le support, la maintenance et l’évolutivité. » Et les tenants du logiciel en « boîte noire » de changer leur fusil d’épaule. Ainsi, dépassé par l’énorme succès de VMware, Microsoft a-t-il publié en juillet 2009 sous licence GPL – la plus utilisée dans le libre – le code de son logiciel de virtualisation Hyper-V pour Linux. Qui plus est, PHP, le langage libre de programmation d’applications Web, tournerait aujourd’hui mieux sous Windows 7 que sous Linux ! Après la plate-forme LAMP (Linux, Apache, MySQL, PHP), grand succès du libre dans les sites Web, Microsoft tente de séduire avec WAMP (Windows, Apache, MySQL, PHP). « Les grands groupes sont en train de revoir leurs schémas directeurs. Ils nous consultent, par exemple, pour migrer 70 % de bases de données vers des solutions libres », confie Alexandre Zapolsky, P-DG de Linagora, une des plus importantes sociétés européennes de services en logiciels libres également présente aux États-Unis.
Prochain grand chantier : l’informatique mobile. « Aujourd’hui, la multiplication des smartphones, avec leurs plates-formes physiques et leur OS (systèmes d’exploitation) propriétaires, oblige les éditeurs à développer des dizaines de versions et à les maintenir pour porter leurs logiciels en mobilité. C’est très cher », critique Tristan Nitot, président de l’association Mozilla Europe qui milite pour que le navigateur Web Mozilla Firefox permette d’ici quelques années de porter n’importe quelle application sur n’importe quel smartphone. En attendant, OpenMoko défend Hackable:1, une plate-forme de développement pour porter des applications d’entreprise sur smartphones. Firefox pourrait également se faire ravir la vedette par Webkit, un projet qui se base sur le navigateur Safari d’Apple. Une chose est sûre : le libre accélère la concurrence.