Les agences de notation de plus en plus critiquées

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Capture d’écran du site Internet de l’agence Fitch Ratings (D.R.)
Si les agences Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch jouissent d’une indiscutable influence, elles sont de plus en plus décriées.

Le marché obligataire est souvent considéré comme l’autre face du placement boursier. Moins risquées que les actions, les obligations sont des produits de rendement. Autrefois chasse gardée des institutionnels, ce marché séduit de plus en plus d’investisseurs particuliers déçus de l’évolution erratique de la Bourse. Qu’ils investissent eux-mêmes ou par l’intermédiaire de sociétés de gestion, ces épargnants plébiscitent les obligations souveraines et les grandes signatures « corporate », comme Total ou Deutsche Telekom. Mais la crise a changé la donne. Et ces titres autrefois qualifiés « d’investissements de bon père de famille » sont désormais au cœur de la tourmente. Les taux d’emprunt des États ont flambé pour certains pays, conséquence de la crainte des investisseurs de ne plus récupérer leurs créances. Dans ce climat délétère, ces derniers n’ont jamais eu autant besoin d’une information financière à la fois indépendante et fiable.

 

Rien d’étonnant donc à voir les recommandations de Moody’s, Standard & Poor’s et Fitch s’étaler à la une des médias. « Les investisseurs particuliers font preuve d’une curiosité croissante à l’égard des agences de notation », confirme Bruno de Pampelonne, président de la société de gestion Tikehau IM. Leur responsabilité est essentielle dans le système. À elles d’estimer la probabilité de défaut d’un émetteur (État, entreprise ou collectivités) par l’attribution d’une note (rating). Une bonne note, et c’est l’assurance de pouvoir emprunter à des taux assez bas, car le risque de non-remboursement est très faible. Une mauvaise note, par contre, c’est la catastrophe. Pour preuve la détermination du président Sarkozy à sauver le triple AAA français (la meilleure note possible), menacé par ces shérifs des marchés financiers. Pourtant, alors qu’elles apparaissent au faîte de leur puissance, les agences n’ont jamais été si décriées. On les accuse d’opacité, d’être juge et partie, on déplore leurs interventions sans discernement.

 

Depuis le 10 novembre, Paris dénonce aussi leur amateurisme: ce jour-là, Standard & Poor’s avait laissé croire, par erreur semble-t-il, que la France avait été dégradée. Celles qui ont été rebaptisées « les trois sorcières » sont-elles vouées au bûcher? Les professionnels de la finance sont mitigés. S’ils s’accordent pour reconnaître l’importance démesurée prise par les agences, ils se rejoignent aussi pour rappeler qu’elles ne sont, en aucun cas, les instigatrices de la crise actuelle. « Ce n’est pas en cassant le thermomètre ou en modifiant sa composition que la fièvre va tomber », rappelle Marc Touati, directeur de la recherche d’Assya Compagnie financière. « Ce ne sont pas elles qui ont demandé aux États de se lancer dans un laxisme budgétaire incontrôlé et d’augmenter leurs déficits et leur dette, et cela sans croissance soutenue à la clé. De même, ce ne sont pas les agences de notation qui ont demandé à la BCE de sacrifier la croissance sur l’autel de l’inflation depuis plus de 10 ans », ajoute l’économiste. En somme, les agences ne méritent ni cet excès d’honneur, ni cette indignité.

 

« Quelle est la réelle influence des agences de notation? »

 

(Vidéo de l’Institut Iris, publiée en juillet 2011)

 

 

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