À l’heure où un nombre croissant d’écoles d’ingénieurs propose aux étudiants des parcours de plus en plus spécialisés, une minorité d’établissements continue de privilégier une formation généraliste offrant un choix de métiers plus large une fois le diplôme obtenu. C’est notamment le cas d’HEI – Hautes études d’ingénieur. Fondée en 1885 au sein de l’université catholique de Lille, cette école a été habilitée en 1935 par la Commission des titres d’ingénieur (CTI) et agréée en 1968 par l’État qui lui reconnaît une mission de service public depuis 2002.
HEI propose une formation classique en cinq ans (deux années de type préparatoire et un cycle d’ingénieur de trois ans) suivie par 1 800 étudiants environ. Située sur un site comprenant 23 000 m2 de bâtiments, ainsi qu’un complexe sportif développé sur 7 hectares, l’école emploie 170 collaborateurs et 350 intervenants extérieurs et bénéficie d’un budget annuel consolidé de plus de 18 millions d’euros. L’État prend en charge une partie de ce budget (à hauteur de 15 %), plus de 2 000 entreprises versent à HEI la taxe d’apprentissage et les frais de scolarité se montent à 2 400 euros par an pour les deux premières années du cycle prépatoire, et à 5 550 euros par an pour les trois dernières années du cycle ingénieur. Notons que de nombreuses aides financières sont disponibles via des bourses d’étudiants et le mécénat.
70 % d’étudiants embauchés avant la fin des études
L’admission se fait principalement après le baccalauréat et une triple sélection (sur dossier, sur épreuve écrite et entretien de motivation) ; pour 1 800 candidats environ, 350 seulement sont retenus. D’autres recrutements sont effectués à Bac + 2 (DUT, BTS, licence et master 1). La formation est résolument généraliste au sens où 75 % du volume horaire est consacré à des enseignements de tronc commun répartis en différents pôles. Le tronc commun comprend aussi bien des sciences (automatique, mécanique, chimie…) que des matières destinées à préparer les diplômés au management au sein de l’entreprise (droit, langues étrangères, marketing, ressources humaines, technologies de l’information et de la communication…).
Les 25 % de volume horaire restant sont consacrés à des domaines spécifiques choisis par les étudiants eux-mêmes. Ces domaines sont au nombre de dix : bâtiment, aménagement et architecture ; bâtiment et travaux publics ; chimie ; conception mécanique ; énergies, systèmes électriques et automatisés ; informatique et technologies de l’information ; ingénierie médicale et santé ; organisation et management des entreprises ; technologies, innovation et management international textiles ; enfin, banque, finance et assurance. Au final, le taux de réussite moyen aux examens est de 82 %. La réputation de l’école fait le reste, car plus de 70 % des étudiants d’HEI sont embauchés avant même la fin de leurs études.
Des entreprises très présentes dans le fonctionnement de l’établissement
Outre les enseignements didactiques, le cursus comprend trois stages obligatoires. Le premier est un stage ouvrier effectué en fin de 1re année (d’une durée de un mois au minimum), le deuxième un stage de professionnalisation en fin de 4e année (3 mois au minimum) et le troisième un stage ingénieur en fin de 5e année (4 mois au minimum). HEI privilégie aussi la pédagogie par projets avec des TER (travaux d’étude-recherche) que l’étudiant effectue avec un client externe pendant trois mois au moins. Le caractère généraliste de la formation permet aux étudiants d’effectuer leurs stages dans des secteurs aussi divers que le bâtiment, l’informatique, la logistique, l’industrie, les services…
Les entreprises sont très présentes dans le fonctionnement de l’établissement : la majeure partie du conseil d’administration d’HEI se compose de chefs d’entreprise. « C’est notamment grâce à eux que nous sommes passés de quatre domaines, il y a quelques années, à dix aujourd’hui. Les entreprises nous aident à comprendre leurs besoins et, par conséquence, à améliorer la formation que nous proposons », constate Jean-Marc Idoux, 40 ans, directeur général d’HEI depuis janvier 2006 et ingénieur de formation. « Toutefois, nous pondérons les exigences des entreprises, si celles-ci relèvent trop du court terme, en les confrontant avec une perspective pédagogique de long terme. » De par son ancienneté, le réseau d’anciens élèves est un des plus importants de France, avec 14 800 diplômés.
Une formation tournée vers l’international
HEI propose de la formation initiale, mais aussi de la formation continue diplômante (5 à 10 diplômés par an), selon le modèle de la filière Fontanet (1), et la validation des acquis de l’expérience, VAE, sera mise en place dès l’année prochaine. Un autre point fort de la formation à HEI est son caractère profondément international. Le slogan « HEI – Ingénieurs pour le monde » n’est en effet pas un vain mot : outre les 23 langues vivantes enseignées, tous les étudiants ont l’obligation de passer au minimum trois mois à l’étranger sous forme d’échange universitaire (92 possibilités d’échange dans 60 universités à travers le monde et 7 doubles diplômes) ou sous forme de stage. Le nombre d’étudiants étrangers à HEI demeure en revanche faible : de 15 à 20 par promotion. « Nous nous heurtons à la difficulté de faire venir des étudiants étrangers à Lille et à celle de proposer une offre de formation en langue anglaise », explique Jean-Marc Idoux.
« Cependant, notre politique de développement des doubles diplômes devrait nous permettre d’y remédier. » Quoi qu’il en soit, 20 % des diplômés débutent leur carrière à l’étranger. Enfin, HEI est aussi impliquée dans la recherche en partenariat avec des universités publiques et privées, ainsi que d’autres écoles d’ingénieurs (laboratoires communs). Cette recherche s’effectue autour de quatre grandes thématiques : chimie ; énergies et systèmes ; structure et matériaux ; ingénierie et sciences du vivant.
(1) Cette filière de formation d’ingénieur proposée par les établissements du réseau Fontanet (qui rassemble la plupart des établissements habilités à délivrer le diplôme d’ingénieur par la voie de la formation continue) s’adresse aux techniciens ayant un minimum de 3 années d’expérience professionnelle. Filière exigeante, elle représente une véritable opportunité de promotion de la carrière par l’acquisition d’un diplôme d’ingénieur identique à celui de la formation initiale.
Plus d’informations sur www.hei.fr
Secteurs d’activité d’embauche des diplômés d’HEI
BTP :33,7 %
Industrie automobile, aéronautique, navale, ferroviaire : 3,5 %
Énergie : 10,2 %
Technologies de l’information (services) : 7,9 %
Bureaux d’études, sociétés de conseil : 5,6 %
Industrie chimique, pharmaceutique, cosmétique : 2,2 %
Commerce, distribution : 2,2 %
Autres : 24,7 %
Source : enquête CGE 2008