À l’occasion des 5 ans de la marque de consommables d’impression remanufacturés Owa, le président-directeur général d’Armor, Hubert de Boisredon, et le directeur d’Armor Office Printing, Gerwald Van der Gijp, évoquent la stratégie du groupe, basée sur l’économie circulaire.
Source : Le Papetier de France, janvier 2020
Le Papetier de France : Pourquoi le groupe Armor s’est-il diversifié dans les consommables d’impression dès 1992 ?
Hubert de Boisredon : Depuis 1922, Armor est spécialiste des encres et consommables d’impression, du papier carbone aux rubans de machines à écrire, en passant par les rouleaux de fax, les stencils, la fabrication d’encres, etc.
Au moment où le papier carbone a commencé à fléchir, ce fut naturel de trouver des relais parmi lesquels les cartouches laser et jet d’encre. Aujourd’hui, Armor Office Printing représente à peu près 20 % de l’activité du groupe, dont le chiffre d’affaires s’élève à 280 millions d’euros en 2019.
À l’époque, pourquoi miser sur le remanufacturing?
H. de B. : Il y a toujours eu une part de remanufacturé chez Armor mais quand je suis arrivé à la tête du groupe en 2004, j’ai été surpris de voir que la gamme n’était pas valorisée. Le discours des OEM affirmait alors que seuls les produits neufs étaient réellement efficaces. Il y avait un vrai problème de perception.
En 2008, j’ai aussi vu le film de l’ancien vice-président américain Al Gore, Une vérité qui dérange, sur les enjeux du réchauffement climatique. Je me suis dit qu’il ne suffisait pas d’agir à titre personnel, que l’impact serait plus fort si nous, industriels, nous nous engagions. C’est là que nous avons fait ce choix structurant: ce que nous faisions presque en le cachant devenait un savoir-faire, un atout pour Armor.
Il faut savoir que rien qu’en Europe, environ 140 millions de cartouches laser sont vendues chaque année et à peine 20% sont recyclées et/ou remanufacturées. Plus de 100 millions de cartouches sont perdues pour la planète, c’est énorme. 100 000 tonnes de matière sont enfouies, jetées en décharge ou broyées. Armor a donc décidé de s’engager fermement en choisissant le remanufacturing, en en étant fier. Nous avons ainsi créé la marque Owa il y a 5 ans. Avec Owa, nous sommes devenus militants de l’économie circulaire.
Gerwald Van der Gijp : Cet engagement va plus loin qu’une cartouche remanufacturée. Il y a toute une philosophie derrière avec la collecte des consommables usagés en entreprise, le bilan matière fourni à nos utilisateurs, etc. Je dis souvent que c’est mieux que le neuf car nous avons la même performance technique mais 30 % moins cher et avec un impact positif sur l’environnement.
Quel est le parcours d’une cartouche remanufacturée Owa ?
G. V. der G. : Nous collectons les cartouches vides, nous faisons aussi appel à des organismes collecteurs pour avoir assez de quantités. Les cartouches sont ensuite nettoyées, les pièces sont vérifiées et remplacées si nécessaire, puis une fois la mécanique parfaitement renouvelée, nous la reremplissons d’encre ou de toner. Chaque cartouche est testée individuellement pour s’assurer qu’elle fonctionne bien.
Et pour les cartouches non réutilisables?
G. V. der G. : Là encore, Armor (via la marque Owa) s’engage à traiter toutes les cartouches. Lorsqu’elles sont cassées ou à la fin de leur cycle de vie, nous les démantelons en séparant le plastique de l’aluminium puis en retraitant l’ensemble des composants. Certains deviennent des filaments 3D PS, d’autres sont vendus… Nous appliquons le principe de l’économie circulaire jusqu’au bout pour en faire des matières premières secondaires.
Comment a évolué le regard des distributeurs et utilisateurs sur les consommables remanufacturés ?
H. de B. : Avec le Grenelle de l’environnement et la crise économique, la prise de conscience a été générale chez les utilisateurs. Avec Owa, nous proposons aux entreprises, administrations, associations, etc. de mettre le développement durable, et donc la planète, au coeur de nos stratégies.
Nous avons montré que l’économie circulaire pouvait améliorer la compétitivité des entreprises, et le message est passé très rapidement. Lorsque nous avons mis en avant le fait que 100% de nos cartouches allaient être remanufacturées, nous avons eu un afflux de demandes. Nos solutions répondent à une quête des entreprises de savoir comment s’engager pour la planète de manière économique.
Qu’avez-vous prévu pour célébrer les 5 ans d’Owa ?
G. V. der G. : Nous organiserons des évènements autour de l’économie circulaire avec des ambassadeurs pour montrer combien Owa a été pionnière en la matière. Une autre nouveauté est l’intégration d’un packaging zéro plastique pour l’ensemble de nos produits. Le plastique sera petit à petit remplacé par du papier et du carton en 2020. Aujourd’hui, Owa propose aussi des managed print service…
H. de B. : Il y a quelques années, les OEM ont sorti les managed print services, c’est-à-dire qu’au lieu de vendre des consommables, ils ont vendu un coût à la page. L’intérêt pour l’entreprise est la simplification, tout est géré par le fournisseur. Mais il faut oser dire que la démarche MPS des OEM est complètement anti-développement durable parce que le premier acte de leur action est l’élimination d’imprimantes qui marchent parfaitement pour de nouvelles imprimantes de leur marque.
De plus, les consommables sont neufs, donc plus coûteux et gaspillant les ressources de la planète. C’est une absurdité. Chez Owa, nous nous sommes dit que le client souhaitait certes une simplification, un service, mais qu’il cherche aussi le développement durable. Nous avons donc lancé Owa Print Service il y a deux ans, un service de coût à la page responsable, c’est-à-dire professionnel, écologique et économique.
Notre approche est différente puisque le client conserve son parc d’imprimantes. Nous l’approvisionnons en consommables de toutes les marques en remanufacturé, nous prenons en charge la maintenance, nous lui proposons des économies d’impression à travers des logiciels, nous collectons les cartouches usagées et nous lui fournissons un bilan matière qui indique comment ces cartouches ont été réutilisées.
Selon vous, qu’est-ce qui fera encore croître ce marché ?
G. V. der G. : L’impression décline, c’est un fait, mais le marché reste important et très concurrentiel avec les OEM et les fabricants asiatiques qui pratiquent des tarifs extrêmement bas. Nous croyons cependant à la valeur ajoutée d’Owa car nous sommes en croissance alors que le marché baisse de 10 à 15% chaque année.
Avec tout ce qui se passe actuellement sur les thématiques sociétales et environnementales, fabriquer pour jeter est irresponsable ! C’est très mal vu par les utilisateurs et au niveau institutionnel, c’est pourquoi de plus en plus de distributeurs font le choix de produits remanufacturés responsables, parce qu’ils savent que ce sont des produits qualitatifs, qui fonctionnent très bien et portent un message.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur : ARMOR OWA
Retrouvez également notre précédente publication vidéo, Armor Print Solutions : Leader européen des consommables durables d’impression, nous avons à coeur de révolutionner les usages