C’ est peut-être en Grande-Bretagne que le lobbying a acquis ses lettres de noblesse, mais ce sont les Américains qui y excellent aujourd’hui. La Chambre de commerce des États-Unis n’est pas une exception. Elle en a même fait l’une de ses activités principales. Comme le souligne, non sans fierté, son président Tom Donahue : « Nous ne faisons pas uniquement du lobbying à Washington, mais dans le monde entier ». La preuve : la Chambre a récemment réussi à faire modifier en Belgique une loi jugée néfaste pour les entreprises américaines !
Il faut dire que le poids de la Chambre de commerce des États-Unis est considérable : elle compte 3 millions d’entreprises, 3 000 Chambres régionales, 830 associations d’affaires et 92 Chambres américaines situées à l’étranger. Ce grand nombre de membres lui confère un pouvoir de décision inouï, mais l’oblige aussi à poursuivre avec efficacité des objectifs importants. Aujourd’hui, le plus grand défi à relever est de booster une croissance qui reste irrégulière, qui est jugée en dessous du taux potentiel de l’économie américaine et, surtout, qui demeure insuffisante pour créer du travail (alors que 1,3 million de postes ont été supprimés l’an passé).
Dans ses campagnes de lobbying prévues avant fin 2003, la Chambre s’investira donc massivement pour obtenir du gouvernement Bush des réductions dans toutes les catégories de taxes et d’impôts touchant les sociétés, mais aussi des incitations fiscales particulières pour les PME souhaitant s’agrandir. Quant au travail de lobbying pour des réformes judiciaires, il sera poursuivi avec ferveur. Il s’agit notamment de réduire les jugements de dommages-intérêts exemplaires (aux montants effarants) prononcés chaque année contre des centaines d’entreprises américaines. La Chambre œuvre pour les remplacer par des dommages-intérêts compensatoires (aux montants inférieurs), et peut se féliciter d’avoir déjà récolté quelques succès dans ce domaine.
Priorité : la zone de libre-échange des Amériques
Des grands chantiers sont également en cours au-delà des frontières américaines. L’un des buts principaux est d’instaurer la zone de libre-échange des Amériques au plus tard pour 2005. En plus de celle déjà existante avec le Canada, et de celle qui devrait être conclue avant fin 2003 avec l’Amérique centrale (Costa Rica, Salvador, Guatemala, Honduras et Nicaragua), elle inclura toute l’Amérique latine. Parmi les autres objectifs de la Chambre : établir avant 2020 une zone de libre-échange avec la région Asie-Pacifique, renforcer les liens commerciaux et économiques avec l’Europe, installer des relations de commerce « normales » avec la Russie, l’Ukraine, le Kazakhstan et la Biélorussie, et veiller à ce que la Russie accède à l’OMC dans des conditions acceptables.
Quant aux relations quelque peu « gâchées » avec le Canada depuis les épisodes de l’Irak, le président de la Chambre américaine a rapidement rendu visite à ses homologues canadiens pour remettre les pendules à l’heure. « Je n’ai pas mâché mes mots et j’ai fait part de notre déception, dit-il. Cependant, l’entente et les liens commerciaux et culturels que nous partageons sont trop importants pour être mis en danger. Notre Chambre continuera à travailler pour renforcer nos relations avec le Canada. Nous avons un rêve commun à réaliser : la zone de libre-échange des Amériques – qui nous apportera à tous le progrès et des opportunités extraordinaires… »