Création d’entreprise – Les cadres en première ligne

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Commerce International : Quelle place prend la création ou la reprise d’entreprise dans la carrière d’un cadre ?
Jean-Louis Walter, président de l’Apec : « A priori, la création d’entreprise n’est pas une préoccupation majeure des jeunes cadres nouvellement entrés dans la vie active. Elle prend de l’importance par la suite. Parmi tous les cadres en activité ou à la recherche d’un emploi qui viennent nous voir, il y en a ainsi environ 10 % qui sont porteurs d’un projet de création ou de reprise. »

C.I.: Quelles sont leurs motivations ?
J-L.W.: « Elles sont multiples. Elles peuvent trouver leur origine dans la réalisation de soi, dans la mise en valeur de ses compétences ou simplement dans sa quête d’autonomie. Le fait d’avoir exercé des responsabilités de haut niveau dans une entreprise peut aussi être à l’origine du déclic. Mais l’entreprise peut elle-même être à l’origine du projet en développant une politique d’essaimage. En tout cas la grande majorité des cadres qui viennent nous voir dans ce contexte sont porteurs de vrais projets déjà travaillés, ce qui témoigne de leur forte motivation. En revanche je ne crois pas du tout aux vertus de la création d’entreprise pour résorber le chômage du personnel qualifié. La création d’entreprise est une opportunité dans la mesure où le porteur du projet est motivé. Dans le cas inverse, on court à l’échec. »

C.I.: Quelles sont les chances de réussite d’un projet de création par un cadre ?
J-L.W.: « Si l’on considère que réussir son projet c’est créer son entreprise, la pérenniser et la développer, on peut dire que 80 % des cadres qui nous sollicitent y parviennent. Un taux particulièrement élevé, obtenu grâce à tous les outils de soutien et d’appui que nous mettons à leur disposition. Nous ne laissons jamais quelqu’un développer un projet sans nous être assurés de sa motivation, de l’environnement du projet et de ses compétences professionnelles. Il arrive aussi parfois qu’une entreprise se développe normalement, mais que son créateur retrouve une situation de salarié. Je suis d’ailleurs assez favorable à ces parcours “saute-mouton”. Ils permettent non seulement aux cadres de s’épanouir mais aussi, et surtout, d’acquérir une expérience et des compétences que ne peuvent pas revendiquer les salariés stables. »

C.I.: La reprise d’une entreprise est-elle foncièrement différente de la création ?
J-L.W.: « La démarche et la motivation sont différentes. Le repreneur d’une entreprise doit s’intégrer dans une structure existante. Souvent il lui faut modifier l’organisation de fonds en comble malgré toutes les résistances. Enfin, il doit gérer des ressources humaines dans des contextes parfois difficiles. Pour nous, la reprise d’entreprise est au moins aussi intéressante que la création en ce qu’elle demande de fortes capacités managériales. »

C.I.: Quels services a mis en place l’Apec pour aider les créateurs et les repreneurs ?
J-L.W.: « Nous assumons un rôle de conseil et de soutien. Nous avons par exemple reçu l’an dernier 2 800 cadres porteurs de projet à l’occasion de 138 réunions d’information collectives. 500 d’entre eux ont pu bénéficier d’un service individuel dispensé par des consultants spécialisés qui leur ont permis de valider leur projet, d’établir leur business plan et d’avoir accès au réseau de professionnels que nous entretenons. »             

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