En juin, les développements liés à la crise de la dette souveraine en Europe ont été positifs tant dans une perspective de court que de long terme. L’Allemagne a annoncé un plan d’économies budgétaires sans précédent avec une baisse des dépenses de 80 milliards d’euros d’ici à 2014, dont 11 milliards dès 2011. L’objectif est de ramener le ratio de déficit sur PIB sous 3 % dès 2013. Compte tenu de la position déjà relativement favorable des finances publiques allemandes, ce plan qui représente 3 % du PIB, dont 0,5 % en 2011, accroît la pression sur les partenaires de la première économie européenne au sein de la zone euro en matière d’assainissement des finances publiques. De plus, les détails de la mise en œuvre du fonds européen de stabilisation financière ont été présentés par le conseil Écofin et la Cour constitutionnelle allemande a repoussé une deuxième requête visant à bloquer le plan d’aide financière aux pays de la zone euro. Enfin, un large accord s’est dessiné sous la houlette de Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, à l’occasion d’une réunion des 27 ministres des Finances de l’Union européenne, pour une refonte visant à durcir le pacte de stabilité et de croissance dont les limites en matière de surveillance sont apparues au grand jour. Les pistes évoquées concernaient la mise en place de sanctions préventives, la prise en compte de la trajectoire de l’endettement et le renforcement de l’incitation à la consolidation budgétaire en période de « vaches grasses ». Il est également envisagé de faire examiner au niveau européen les budgets nationaux avant leur adoption par les parlements nationaux.
Pour la direction des études économiques de BNP Paribas, ces décisions pourraient améliorer nettement la gouvernance de la zone euro. En effet, l’Europe a accompli ses plus grandes avancées lors de crises, souligne la banque française : celle du milieu des années 1980 a conduit à la création du marché unique, celle du début des années 1990 au lancement du chantier de l’euro. Pour autant, les incertitudes qui persistent autour de la dette souveraine dans la zone euro continuent d’alimenter des « scénarios du pire », comme celui de l’éclatement à terme de la zone. Celui-ci, toutefois, ne ferait que des perdants, estime BNP Paribas. Certes, les pays du sud de l’Europe peuvent espérer, en cas de sortie de l’union monétaire, un gain en termes de commerce extérieur, l’amélioration de leur compétitivité permise par la dépréciation de leur devise pouvant surpasser la détérioration en matière de termes de l’échange. Toutefois, compte tenu de la baisse du change et la très probable forte hausse de leurs taux d’intérêt à long terme, le fardeau de la dette ne pourrait que s’alourdir. Au total, le bilan global serait très négatif. De son côté, l’Allemagne, qu’elle sorte de la zone euro ou qu’elle reste dans une zone qu’auraient quittée un ou plusieurs pays du sud de l’Europe, subirait une très forte hausse de son taux de change, ce qui nuirait à sa compétitivité et par conséquent à ses exportations, le principal moteur de sa croissance.