Trois après le début d’intenses négociations, les pays de l’Union européenne, le Pérou et la Colombie ont fait un pas de plus, le 26 juin, vers l’application d’un accord de Libre-échange dont les entrepreneurs des deux continents espèrent beaucoup.
Selon les estimations de la Commission européenne, une fois que l’accord sera appliqué dans sa totalité, les exportateurs de l’UE n’auront plus à payer les 270 millions d’euros par an de droit de douane qui imposent aujourd’hui leur marchandise. « En ces temps de crise économique, l’augmentation du commerce et de l’investissement est le chemin qu’il est important de suivre pour créer de la croissance et de l’emploi », a salué le commissaire du commerce de l’Union européenne, Karel de Gucht, qui estime que « l’accord aidera les entreprises européennes à se créer une voie dans une zone de croissance rapide et permettra la mise en place de réformes structurelles dans l’ensemble des pays signataires ».
Une fois appliqué en totalité, l’Accord éliminera toute taxe douanière sur les produits industriels et de pêche, permettra un plus grand accès au marché des produits agricoles, améliorera l’accès aux contrats publics, aux services et aux marchés d’investissement.
« L’accord est cependant asymétrique dans le temps car il donne plus d’avantages aux Péruviens et aux Colombiens au début, laissant une période d’adaptation à leurs marchés et produits », précise à Commerce International l’ambassadeur Hans Allden, chef de la délégation de l’Union européenne au Pérou.
Les produits manufacturés péruviens auront ainsi un accès total, sans quota ni taxe douanière, au marché européen, dès l’entrée en vigueur du traité. A l’inverse, l’introduction des produits européens en zone andine prendra plus de temps, parfois jusqu’à dix ou douze ans. « L’application sera graduelle mais le traité reste intéressant pour les exportateurs européens qui auront à terme un accès privilégié aux marchés péruviens et colombiens », convainc M. Allden. Un des points importants des négociations a notamment été le respect des indications géographiques et appellations d’origine si chères aux producteurs français de Champagne, vins ou fromage. « Le Pérou est un marché en pleine croissance », insiste M.Allden, qui voit en la Colombie et le Pérou, deux économies libérales, une véritable opportunité de marché pour les investisseurs européens.
Côté UE, le traité devrait surtout bénéficier au secteur de l’automobile, des services, du secteur bancaire, et de la construction. Côté andin, les produits d’agro exportation et manufacturés trouveront de nouveaux marchés grâce á l’accord qui se veut bien plus qu’un seul accord commercial. « Le texte final contient d’importants chapitres sur la propriété intellectuelle, les services, les mécanismes de solution du conflit et les droits de l’homme en général », insiste Hans Allden, L’’adhésion au traité implique de respecter les conventions de l’Organisation internationale du travail ainsi que les grandes conventions sur la protection de l’environnement. L’accordcomporte aussi un chapitre sur le développement durable, auquel tiennent beaucoup les deux blocs de pays.
« Il est important que les populations du Pérou et de la Colombie sachent que notre but n’est pas que l’augmentation du commerce crée des problèmes ou des dégâts pour la population », insiste Hans Allden. Au cours des années de négociations entre l’UE et les deux pays, plusieurs collectifs surtout basés en Colombie ont manifesté contre la mise en place d’un traité qui, selon eux, posera de grands problèmes de concurrence à l’agriculture nationale et notamment aux producteurs laitiers colombiens. Certains ont aussi rappelé les problèmes environnementaux causes par certaines entreprises minières et craignent que ce nouvel accord ne donne carte blanche aux investisseurs de l’UE.
« Nous voulons que les entreprises européennes contribuent à un développement équitable et durable, qui bénéficie aussi aux plus pauvres », se défend le représentant de l’UE à Lima.
« L’accord va représenter 0.7% du PIB péruvien », assure Hans Allden. En 2011, le commerce bilatéral de marchandises entre l’UE et la Colombie et le Pérou, ensemble, a atteint 21,1 milliards d’euros, selon des chiffres de la commission européenne.
La Colombie a exporté 6, 9 milliards d’Euros vers l’UE et importé pour 5 milliards d’euros de produits européens. Dans le cas du Pérou, la balance commerciale en faveur des Péruviens est encore plus importante (3.6 milliards d’Euros en 2011). « L’UE enregistre un important déficit, ce qui laisse un grand espace de travail et d’opportunités aux Européens », estime Hans Allden, convaincu que la bonne santé économique des pays andins saura attirer l’attention du vieux continent.