Portrait d’entreprise. Afrique du sud: Carbon Footprint, une initiative pour compenser les émissions nationales de CO2

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Ce panneau solaire produit 46kW/h par jour et permet de compenser 16 tonnes de CO2 par an, soit 150000 km d’une voiture récente. /D.R.
Avec 90% de son électricité produite au charbon, l’Afrique du Sud est le pays le plus pollueur du continent africain. De petites initiatives commencent à émerger pour compenser ce triste record. L’exemple de Carbon Footprint, une entreprise du Cap qui vend des crédits carbone.

Entreprises de transport routier, loueurs de voitures, hôtels, producteurs de fruits… En Afrique du Sud, beaucoup d’entreprises pollueuses voudraient jouer la carte écologique. Installée au Cap, la société Carbon Footprint leur propose de financer des projets dans le domaine des énergies renouvelables, ceci en leur vendant des crédits carbone. “Le but est d’offrir à des entreprises qui souhaitent afficher un bilan carbone neutre la possibilité de le faire, alors qu’elles n’en ont pas la possibilité en interne. Nous nous adressons au marché sud-africain pour qu’elles puissent voir les projets qu’elles financent”, explique Jean-Vincent Ridon, créateur de Carbon Footprint.

 

Par ce biais, les entreprises concernées contribuent à la réduction des émissions de gaz à effet de serre du pays, qui produit à lui seul 38% des émissions de dioxyde de carbone du continent. À cause d’une production d’électricité basée à 90% sur le charbon, l’Afrique du Sud émet 960 grammes de carbone dans l’atmosphère par kilowatt produit. En comparaison, la France émet 53 grammes par kilowatt, l’Allemagne 300 et la Suisse 92. L’électricité produite par le fournisseur national Eskom figure parmi les moins chères au monde, mais elle lui confère aussi le rang de 19e émetteur de CO2.

 

Pour Carbon Footprint, cette production électrique polluante permet de toucher une large gamme de clients: pour un siège d’entreprise, se fournir auprès d’Eskom revient immanquablement à devenir un gros pollueur. Financer un projet d’énergie solaire dans un lodge installé dans les grandes plaines du Karoo ou dans un township du Cap constitue ainsi l’une des solutions efficaces pour réduire sa facture environnementale. Et les initiatives commencent à se multiplier pour atteindre l’un des objectifs du gouvernement sud-africain: 42% d’énergie supplémentaire produite avec des “énergies propres”.

 

Pour déterminer les émissions des uns et des autres, Carbon Footprint dispose de tables de calculs élaborées par le protocole de Kyoto dans le cadre des Nations unies. Elles revêtent ainsi un caractère universel et largement accepté. La compensation pour une tonne de carbone émise se vend entre 10 et 20 euros, selon le marché. Via un partenariat avec les compagnies aériennes, Carbon Footprint a également mis en place un système proposant aux passagers de compenser le rejet de carbone réalisé pendant leur voyage. Pour 80 rands (environ 8 euros), on peut revendiquer un bilan carbone neutre sur un trajet en avion Cape Town-Johannesburg. Mais ces initiatives se situent hors du cadre du système Clean Development Mechanism, mis en place par le protocole de Kyoto et qui ne permet pas de développer des projets de faible envergure. Or, en Afrique du Sud, comme ailleurs sur le continent, ce sont des petits projets comme ceux de Carbon Footprint qui permettront, petit à petit, de commencer à lutter efficacement pour une énergie moins polluante.

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