Alors que partout en Europe, les flux migratoires reculent, l’Allemagne voit depuis deux ans le nombre d’arrivants augmenter de manière significative. Aujourd’hui ce ne sont plus seulement les travailleurs des pays frontaliers à l’Est de l’Europe qui répondent aux appels d’offres de l’industrie allemande mais aussi les populations originaires des pays de la Méditerranée. Les Grecs qui n’étaient encore que 12 300 à immigrer en Allemagne en 2010, étaient 23 800 un an plus tard. Même chose pour les Espagnols qui entre 2010 et 2011, ont doublé leurs effectifs à 20 700. Cette tendance de fond répond à deux réalités : la crise de l’euro dans ces pays où le chômage des jeunes atteint un niveau record et le besoin croissant des entreprises allemandes en main d’œuvre qualifiée. Au total, selon le rapport de l’OCDE paru en juin*, ce sont 222 000 personnes soit 10 % de plus qu’un an auparavant, qui ont franchi la frontière allemande en 2010 pour s’installer durablement. L’amélioration des conditions d’accueil, la simplification des barrières administratives et bien entendu les perspectives d’emploi sont les raisons principales de ce phénomène. 66,5 % des nouveaux arrivés trouvent un emploi fixe, soit 4 % de plus qu’il y a quatre ans. Force est de constater qu’après les échecs essuyés dans les années 90 et au début des années 2000 par la république fédérale pour attirer des populations qualifiées en provenance de l’Asie, l’image de l’Allemagne a aujourd’hui changé. Il est vrai que le pays a tout intérêt à favoriser l’arrivée des étrangers. Sans ces nouveaux arrivants, le nombre d’actifs baissera de 44 millions de personnes aujourd’hui à 38 millions en 2025 ! Mais cette immigration à elle seule n’endiguera pas l’hémorragie du marché du travail allemand qui a perdu 750 000 actifs au cours des cinq dernières années. Angel Gurria, secrétaire général de l’OCDE n’a ainsi pas manqué de rappeler « que si ce flux reste constant, il ne couvrira plus les besoins du marché du travail allemand dès 2015 ». Car ces jeunes migrants actuels occupent majoritairement des créations de postes et non des emplois libérés par des Allemands pour cause de retraite. Les entreprises allemandes sont donc aujourd’hui au pied du mur. Alors qu’elles restent confrontées sur leur sol à un autre chantier – un l’intégration des 15 millions d’étrangers vivant sur leur sol depuis de nombreuses années –, elles préfèrent majoritairement continuer à prospecter sur le marché de l’emploi européen. En témoigne l’initiative de VW. Le groupe dont le nombre de marques est passé à sept en l’espace de quelques mois multiplie les opérations séduction auprès des jeunes sud-Européens. Un programme d’une durée de deux ans, dénommé « Start-up Europe » est destiné à intégrer les jeunes diplômés espagnols et portugais dans le groupe.
*Perspectives des migrations internationales 2012