Le rapport Doing Business 2010 salue les efforts de réglementation commerciale en Afrique

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ProBusinessAfrique_JuilletAoût2010

L’an passé, 25 % des réformes recensées dans le monde ayant le but de faciliter les échanges commerciaux ont été mises en place en Afrique. C’est l’une des conclusions du rapport Doing Business 2010, publié par la Banque mondiale. L’institution salue la volonté du continent de moderniser son dispositif réglementaire. « Le nombre de mesures instaurées par les pays africains dans ce domaine est chaque année plus important, et le contexte de crise ne ralentit visiblement pas la cadence », remarque Mohamed Aboul Naga, ministre égyptien de la Coopération internationale.

 

En tête du classement des États les plus réformateurs, le Rwanda créé la surprise. Le petit pays d’Afrique de l’Est décroche la palme de la Banque mondiale, une première pour un pays du continent. En une année, il enregistre une progression record en gagnant 76 places. Les dix critères sur lesquels le rapport base son évaluation sont la facilité de création d’entreprise, l’obtention des licences de fonctionnement, le recrutement des travailleurs, le transfert de propriété, l’obtention de prêts, la protection des investisseurs, les allégements fiscaux, la réalisation du commerce transfrontalier, la rapidité d’exécution des contrats, et la facilité de fermeture d’entreprise. Depuis 2008, le Rwanda a procédé à des réformes de fond dans sept de ces domaines. « Aujourd’hui, à Kigali, il suffit de deux procédures et trois jours pour créer une entreprise. C’est exceptionnel pour cette région », illustre Dambisa Moyo, écrivain et économiste zambienne spécialiste du développement.

 

Parmi les autres réformes phares : la nouvelle politique rwandaise concernant l’impôt sur les sociétés. Son taux est désormais fixé à 30 % au lieu de 35 %. Et il peut connaître des baisses supplémentaires en fonction du nombre de salariés et du chiffre d’affaires provenant de biens et services exportés par la société. Plusieurs outils nationaux, dont l’agence de promotion des investissements et des exportations et le Rwanda Development Board, ont fortement contribué à ces avancées. En conséquence, les investisseurs étrangers répondent présents, à l’image des groupes Starbucks Coffee et Ecobank, qui s’y sont récemment implantés. Il reste cependant des chantiers de taille, comme le désenclavement du pays. D’autres États ont accéléré le rythme des réformes depuis 2008. Le Liberia se distingue aujourd’hui par son dispositif rapide de création d’entreprise et par sa mobilisation pour l’accès au crédit, alors que le Burkina Faso a considérablement simplifié ses procédures d’obtention de permis de construire. Un guichet unique pour la création d’entreprise a également été lancé au Mali, réduisant de 10 jours les délais de lancement d’une société.

 

L’Égypte, autre nation coutumière des réformes de fond, est même devenue une habituée du top 10 des classements Doing Business. Pour la quatrième année consécutive, le pays est cité comme un exemple à suivre. Sa bureaucratie bénéficie d’importants assouplissements. Le capital minimal obligatoire lors d’une création d’entreprise est passé de 7 000 à 150 euros. Les délais d’attente dans les ports pour les importateurs et exportateurs ont été respectivement réduits de sept jours à cinq jours au cours des cinq dernières années. « La liste des changements est très longue. Il y a quelques années, avant d’initier toutes ces réformes, nous avons réalisé un tour du monde des meilleures pratiques en vigueur afin de prendre les décisions les plus pertinentes », explique Mohamed Aboul Naga. Plus de vingt pays dans le monde, parmi lesquels le Burkina Faso et le Liberia, ont mis sur pied des comités de réformes en relation directe avec le sommet de l’exécutif. L’idée étant d’évaluer la pertinence des mesures adoptées, leur conséquences sur l’économie, et d’identifier les points à corriger. « Malheureusement ce type de dispositif n’est pas systématique alors qu’il s’avère essentiel », indique encore Dambisa Moyo. Si de nombreux États africains se réforment désormais au même rythme que l’Europe de l’Est, certains affichent des résultats moins satisfaisants. La République démocratique du Congo, la République centrafricaine, le Tchad, la Guinée équatoriale figurent parmi les nations qui tardent à prendre le train du changement en marche. Le Sénégal, le Gabon, la Côte d’Ivoire, le Cameroun et l’Algérie sont même épinglés pour leur inaction dans le dernier rapport Doing Business.

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