Quelle est l’approche économique de notre nouveau Premier Ministre ?

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Edouard Philippe, voici donc le nom sous les feux des projecteurs cette semaine. Et mis à part dans la ville du Havre, ce nom était jusqu’alors assez peu connu du reste de la population. Catapulté Premier Ministre du nouveau gouvernement dirigeant, Edouard Philippe est scruté à la loupe : les français découvrent l’homme et ce qui le compose, car comme l’a souhaité le nouveau Président, partisan d’un renouvellement de la classe politique, on ne peut pas dire que jusque là Mr Philippe était une tête politique connue ni un client régulier des plateaux télé. Maintenant que les français se familiarisent avec son image, ils doivent aussi tout apprendre de ce qui se cache derrière ce grand quadragénaire qui dépasse le mètre 90 et qui pratique la boxe régulièrement. Passé par la gauche rocardienne pour finalement se retrouver chez les Républicains, quelle est sa vision économique, qu’a-t-il fait pour sa ville du Havre, et quelles orientations va-t-il prendre ?

 

Passé d’abords par le privé et ne pas faire de la politique son seul métier

Edouard Philippe, dont les deux parents sont professeurs de français, a développé très tôt une culture littéraire, à l’instar de son nouveau « patron », amoureux tous deux de la langue française. Il a même écrit trois romans (Dans l’ombre, l’Heure de Vérité et The Runaways), dont les ventes vont à coup sûr redémarrer et nécessiter des réimpressions.

Le passage de la plume à la calculette se fait d’abords par sa formation : Sciences Po et l’ENA. Il entre dans la sphère économique par l’intermédiaire du droit, dans un premier temps comme avocat d’affaires chez Debevoise & Plimpton LLP, dans un second comme directeur des affaires publiques au sein d’Areva. A travers cette fonction il est l’intermédiaire entre l’entreprise du nucléaire et l’ensemble des acteurs publics ou privés, développe contacts et réseaux, excelle en matière de lobbying.

Edouard Philippe n’a donc pas compté uniquement sur la politique pour démarrer une carrière à forte responsabilité et d’envergure… des faits d’armes qui le rapprochent du profil d’Emmanuel Macron, lui aussi issu du secteur privé.

 

Inspiré par un mentor de gauche et un mentor de droite

Edouard Philippe naît dans une famille orientée à gauche politiquement et ses premiers engagements politiques se situent d’abords dans la lignée de Michel Rocard. Il milite au Parti Socialiste durant deux ans, pendant ses études à Sciences Po. Mais en 2001 il rejoint l’équipe municipale d’Antoine Rufenacht, maire de droite du Havre et devient son adjoint en charge des affaires juridiques. C’est alors que s’opère une transition chez Edouard Philippe qui participe en 2002, à l’invitation d’Alain Juppé, à la fondation de l’UMP.

En 2007, il devient membre du cabinet d’Alain Juppé au ministère de l’Ecologie, du Développement et de l’Aménagement durables, cabinet qui prendra fin lors du gouvernement Fillon, après les législatives.

Cette influence à la fois Rocardienne et Juppéenne n’est pas dénuée de sens puisque les deux hommes se sont beaucoup appréciés, malgré leur appartenance propre aux deux grandes formations politiques concurrentes. Ils ont eu l’occasion de travailler ensemble notamment en co-pilotant la commission du grand emprunt créée par Nicolas Sarkozy et d’écrire un ouvrage à quatre mains sur leurs visions et engagements politiques.

Effacer la barrière entre la gauche et la droite : le rêve (enfin) réalisé d’Emmanuel Macron.

Là encore cette enjambée de la gauche à la droite est évidemment une surimpression fidèle de la vision politique et économique d’Emmanuel Macron, et augure d’une compatibilité plus que satisfaisante. Pour s’en assurer il suffit de se pencher sur les propositions économiques du candidat Juppé lors de la primaire de novembre 2016 -candidat situé à l’aile gauche-centre de la droite- pour constater qu’elles sont proches et sans contradictions majeures avec le programme économique d’Emmanuel Macron.

 

La ville du Havre sous le règne d’Edouard philippe

En 2010, suite à la démission d’Antoine Rufenacht, le conseil municipal du Havre place Edouard Philippe à la fonction de maire de cette ville de plus de 100 000 habitants. Il y sera ré-élu en 2014, dès le premier tour.

Sous son égide, la ville du Havre voit de nombreux chantiers émerger : la rénovation du Quai Southampton, lieu emblématique de la ville, l’arrivée du tramway en 2012 qui améliore les liaisons entre la ville basse et la ville haute, ou encore la rénovation du bâti d’avant-guerre. Des ensembles urbains sont également construits à son arrivée, et les voiries et l’entrée de la ville sont rénovées.

Nombreux sont ceux qui reconnaissent l’engagement qu’il a mis pour transformer et moderniser cette ville. Un dynamisme qui s’est aussi manifesté dans sa volonté d’accueillir durant plusieurs années au Havre le Forum de l’Economie Positive, forum créé par Jacques Attali, dont les objectifs sont d’imaginer l’économie de l’avenir, promouvoir l’innovation, développer le long terme et l’émancipation économico-sociale.

Bien entendu il a aussi eu des détracteurs au sein de son Conseil Municipal, arguant que certains de ses projets étaient inutiles et trop coûteux, comme par exemple la rénovation du stade Océane. On lui a aussi reproché la mauvaise gestion d’épisodes de pollution ou encore le prix trop élevé des transports en commun, alors que la population havraise est l’une des moins riches à l’échelle nationale des villes françaises de 100 000 habitants.

 

Au moment de quitter la ville portuaire pour Matignon, Edouard Philippe laisse donc une agglomération dont le visage a changé positivement, plus moderne, dynamique, mais la situation sociale de la population havraise reste encore à améliorer, et ne semble pas avoir significativement évolué… En sera-t-il de même pour l’ensemble des français à travers sa politique économique (de droite ? De gauche ? Du milieu?) qu’il compte mettre en place, main dans la main avec le Président Macron ? A priori les deux hommes ne sont pas de furieux libéraux, mais leur premier acte marquant sera la réforme du travail, annoncée pour cet été, et nous verrons comment le duo fera face à la rue, qui ne manquera pas de se manifester.

 

 

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