« Réduire la dette pour pérenniser la croissance et surtout veiller à ce que les multinationales soient imposées dans leur pays d’origine “, c’est le message que Wolfgang Schäuble a ramené de Mexico à Berlin le 5 novembre dernier. Faisant fi de la crise, le ministre fédéral des finances, qui a représenté l’Allemagne au sommet du G20, a réaffirmé sa volonté de tenir les engagements que les États avaient pris à Toronto les 26 et 27 juin 2010 de diminuer de moitié leur déficit dès 2013 et de les stabiliser dès 2016. « L’Allemagne va atteindre cet objectif tout comme l’ensemble de la zone euro », a-t-il asséné, précisant qu’il demeurait cependant incertain sur la capacité des autres pays à toucher ce but. Le ralentissement des économies émergentes est en effet un sujet d’inquiétude pour l’Allemagne, pays fortement orienté à l’export. Jens Weidmann, président de la Bundesbank, a lui aussi exprimé ses craintes face au frein conjoncturel représenté par la crise financière aux Etats-unis et par l’endettement du Japon.
Mais comme lui, le ministre des Finances reste confiant dans la capacité des pays européens à donner l’exemple et maintient le cap : « Nous sommes sur la bonne voie pour juguler la crise de l’euro. Mais la planète a besoin de manière générale d’un solide financement public. Nous ne pouvons financer continuellement la croissance en amoncelant des dettes », a-t-il déclaré.
Et l’Allemagne de s’y atteler sans tarder. Alors que leur ministre siégeait encore à Mexico, la coalition au pouvoir a décidé d’atteindre dès 2014 un budget équilibré exempt de tout nouvel endettement. Wolfgang Schäuble a rappelé que le frein à la dette serait actionné dès 2013 : il s’agit de réduire le déficit budgétaire fédéral à hauteur de 0,35 % du PIB.
Enrayer l’érosion des revenus fiscaux
Mais pour l’Allemagne, les entreprises doivent suivre le mouvement. Les plus grandes d’entre celles, y compris qui échappent à l’imposition dans leur pays d’origine par le jeu de leurs filiales implantées dans des pays à la fiscalité plus clémente. Wolfgang Schäuble et son homologue britannique George Osborne ont ainsi lancé un appel en faveur d’une coopération internationale concertée. Elle vise non seulement à préserver les rentrées fiscales dans les pays où ces gains sont réalisés, mais aussi à préserver les conditions de compétitivité, particulièrement pour les PME des pays de la zone euro. Cette question, qui sera étudiée par l’OCDE devrait donner lieu à de nouvelles discussions lors du G20 en février prochain. Pour l’Allemagne, un accord au niveau des pays industrialisés pourrait constituer l’un des remèdes au déficit budgétaire et à l’endettement des États face à la crise financière.