Dans un contexte où les entreprises agissent pour améliorer la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT), PROMÉDIATION préconise de poser des actions amélioratives et préventives, afin d’anticiper les crises plutôt que d’y réagir.
Source : paru dans Capital, Décembre 2024
Avocate de formation, Laure de Charette (ndlr : photo) a travaillé au sein de cabinets spécialisés en droit des affaires, au sein du département juridique d’un grand groupe international et à son compte. Elle crée PROMÉDIATION à la suite d’un constat : l’approche juridique ne permet pas à elle seule de résoudre les conflits au sein des entreprises.
«La dimension émotionnelle n’est traitée qu’en dernier lieu, or purger l’émotionnel est un prérequis pour que chaque partie puisse prendre de la distance et soit en capacité de raisonner», explique la dirigeante.
Experte certifiée en médiation professionnelle, Médiateure judiciaire, Experte en traitement et prévention des Risques Psycho-Sociaux (RPS) et Coach certifiée, Laure de Charette intervient «trop fréquemment» face à des situations très dégradées ; elle conseille donc aux dirigeants la mise en place d’actions préventives.
Que constatez-vous au niveau de l’amélioration de la Qualité de Vie et des Conditions de Travail (QVCT) en entreprise ?
Laure de Charette : L’engagement des dirigeants est réel : team-building, création d’espaces et de temps conviviaux, de salles de sport, travaux visant à améliorer l’ergonomie, actions de formation… Ces actions sont utiles mais ne permettent pas à elles seules de résoudre les problématiques de fond, particulièrement les problématiques relationnelles et interactionnelles. Notre objectif est d’aider les dirigeants à faire encore mieux en bougeant les lignes.
Pour être efficace, il est absolument nécessaire de poser en premier lieu des actions amélioratives / correctives ciblées sur la qualité relationnelle. Je conseille aussi à mes clients de poser, en parallèle de ces actions, un dispositif d’actions préventives afin de réduire les risques et d’être outillés pour mieux les gérer.
Quels dispositifs de prévention préconisez-vous ?
L. C. : Nous avons notamment développé un dispositif de médiation externe à l’instar de celui en vigueur au sein d’Air France, qui produit des résultats extrêmement positifs. Mis à la disposition des salariés, des managers, des DRH, des IRPP et des dirigeants, celui-ci s’intègre parfaitement dans la RSE de l’entreprise ainsi que dans les dispositifs de «bonne gouvernance» et de «gouvernance durable» qui devront figurer dans le Rapport de durabilité bientôt obligatoire dans les entreprises.
Vous ciblez particulièrement la strate managériale, pourquoi ?
L. C. : Car c’est aux managers que revient la charge d’impulser la motivation au sein des équipes, de prendre soin de la charge mentale de chacun tout en assurant le fonctionnement du service, l’exécution des tâches et l’atteinte des objectifs. Il en résulte de la pression, du stress, du doute… autant de facteurs de risques susceptibles d’entraîner des dysfonctionnements au sein de l’équipe ou du service.
Nous proposons notamment un dispositif pratique qui se concentre sur la prise de poste des managers, avec des outils et des enseignements-clés pour réussir leurs premières réunions d’équipe en instaurant du lien, un cadre et un rapport de confiance déterminants pour le bon fonctionnement de l’équipe.
La santé mentale serait la 2e cause des arrêts maladie en France (sondage Malakoff Humanis, Baromètre de l’absentéisme, 2022).
40% : C’est la perte de rentabilité moyenne due aux RPS au sein d’une entreprise (AXIUM, 6e Livre Blanc, travaux préparatoires, enquête réalisée en 2023)
Dans quel cadre s’inscrivent vos actions préventives ?
L. C. : Nous agissons sur deux volets : relationnel et organisationnel. Nous proposons dans un premier temps des actions de sensibilisation aux RPS destinées aux salariés de l’entreprise (managers, fonctions RH, élus membres des IRPP, dirigeants…) pour leur permettre d’être en capacité d’identifier les RPS, d’engager une démarche d’évaluation et de faire remonter les risques. Au niveau organisationnel, nous aidons à co-construire des process internes, nous formons des Référents qui seront des relais entre les salariés et la hiérarchie. Au niveau relationnel, nous mettons en place des ateliers de qualité relationnelle au travail, suivis de mises en situation pratique (pour dénouer les nœuds existants) et de la rédaction d’une charte relationnelle. Le dispositif de médiation externalisé, la cellule d’accompagnement ciblée ou encore les temps d’observation et d’analyses des pratiques sont autant de mesures que nous proposons dans le cadre de ces actions préventives. PROMÉDIATION apporte une méthodologie, avec pour objectif de rendre autonomes les entreprises dans la gestion et la prévention de tout facteur de risques.
Comment convaincre les dirigeants d’investir dans ces approches ?
L. C. : Il ne s’agit pas d’investir plus mais d’investir autrement, de réorienter les lignes d’investissement budgétées dans le cadre de leur politique de QVCT, de prévention générale des risques mais aussi de la RSE. Je travaille avec un partenaire qui a développé un outil permettant d’évaluer précisément le coût des dysfonctionnements dans l’entreprise. Dans ce diagnostic, nous incluons une cartographie de l’ensemble des mesures mises en place par l’entreprise pour palier, corriger, réduire et/ou supprimer les dysfonctionnements observés, avec le coût afférent de ces mesures. Cela permet au dirigeant de dégager le montant de l’enveloppe budgétaire qu’il souhaiterait réorienter et investir dans des actions ciblées définies ensemble sur l’année.
À la fin de l’année, nous faisons un point ensemble pour mesurer l’impact humain et financier des mesures mises en place. Dans 9 cas sur 10, les partenariats que nous nouons avec les entreprises sont reconduits.
Retrouvez également notre précédente publication vidéo, PROMÉDIATION : Remettre l’humain au cœur des dispositifs d’action et de prévention pour améliorer la santé au travail et la performance
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