La dolce vita du sur-mesure

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En novembre dernier, le président de PPR, François-Henri Pinault, annonçait l’achat de la marque masculine italienne la plus courtisée par le show-biz et les hommes politiques. Le carnet d’adresse de la maison de mode de Penne, dans les Abruzzes, ne désemplit pas de célébrités. Brioni, c’est avant tout le tailleur de James Bond. Le costume luisant de Pierce Brosnan ou le smoking ajusté de Daniel Craig font figures de symboles, mais bien d’autres hommes, connus pour leurs tenues impeccables, doivent leur posture aux maîtres-tailleurs de Brioni : Nelson Mandela, Kofi Annan, Vladimir Poutine, Silvio Berlusconi, Gerhard Schröder, George W. Bush, Donald Trump, Barack Obama ou le Prince Andrew adorent ces costumes qui peuvent réunir jusqu’à 48 toiles différentes. Souvent, la maison Brioni choisit elle-même ses propres fils pour la confection de ses tissus exclusifs. La maison fut fondée en 1945, à Rome, par le tailleur Nazareno Fonticoli et l’entrepreneur Gaetano Savini. Ce sont leurs neuf héritiers qui ont maintenant vendu la marque à PPR, au-dessus des 350 millions d’euros annoncés par la presse, selon les déclarations de François-Henri Pinault.

 

Le président confirme en outre le chiffre d’affaires de 170 millions d’euros que la marque italienne a réalisé en 2010 et la décrit comme très rentable. Avec cette acquisition, le pôle luxe de PPR entre de plain-pied dans le marché croissant de la mode masculine. « Nous avons de grandes ambitions pour cette maison de mode, synonyme de l’élégance masculine italienne. Nous allons lui donner accès à notre expertise et notre savoir-faire afin qu’elle écrive une nouvelle page de son histoire en préservant son identité », souligne François-Henri Pinault, qui annonce notamment des ouvertures de boutiques dans les pays émergents de l’Asie. Ce marché est en pleine expansion. En Chine, par exemple, 60 % des achats de luxe sont réalisés par des hommes. Et Brioni n’a pas encore de boutique à Shanghai, où la majorité des marques de luxe s’installe actuellement.

 

Au départ, Brioni fut une maison de haute couture, mais, en 1951, elle est la première marque à organiser un défilé masculin qui attire immédiatement les plus grands acteurs du ciné-ma américain : Clark Gable et Cary Grant sont habillés par Brioni pendant leur tournage dans les studios de Cinecitta à Rome. À l’époque, la mode se passe du style anglais guindé. Vive la dolce vita et le costume italien, plus souple et plus coloré ! Dans les années 1960, le mafieux new-yorkais John Gotti aurait eu pour surnom « Drapper Don » (Don soigné) grâce à ses costumes Brioni. Entre-temps, la marque a ouvert 74 boutiques dans le monde dont 32 en succursale, souvent dans des villes fréquentées plutôt par la high-society : Cannes, Capri, Saint-Moritz, Lugano, mais également Paris, Londres, Milan, New York, Dubaï ou Pékin… Déjà lors de la fondation, les deux protagonistes savaient s’adresser à une clientèle huppée : le nom « Brioni » traduit en italien le nom de l’archipel croate Brijuni, un endroit prisé par l’élite européenne au début du XXe siècle.

 

Aujourd’hui, son prêt-à-porter n’est pas à la pointe de la tendance, mais plutôt intemporel, surtout très classe, réalisé dans de très belles matières, avec le cachemire en vedette qui est même utilisé pour les cravates ou la doudoune. Du sportswear jusqu’au sur-mesure, tout est fabriqué dans les ateliers italiens où travaillent 1 800 personnes qui ne cessent d’étudier la technique quant aux types et aux particularités des morphologies masculines. Un costume sur mesure avec la veste comme une seconde peau sera en plus adapté au style de vie de chaque client qui peut également commander des chemises, des cravates ou du sportswear sur mesure dans les boutiques les plus importantes. Comptez 3 900 euros pour un costume sur mesure qui vous donnera l’allure d’Al Pacino.

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