La CCIR Midi-Pyrénées relance son secteur des énergies renouvelables

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D.R.
Le 19 janvier, la Chambre de commerce de région Midi-Pyrénées a signé un accord de partenariat avec le pôle languedocien Derbi dédié aux énergies renouvelables dans les bâtiments et l’industrie. Une initiative qui devrait donner un coup de fouet au secteur.

« Beaucoup de nos membres étaient originaires des Midi-Pyrénées », remarque André Joffre à propos de l’extension du pôle languedocien Derbi (Développement des énergies renouvelables dans le bâtiment et l’industrie) à la région toulousaine. Ce « sachem » des énergies renouvelables en France siège à la présidence de Derbi et est également le PDG et fondateur de la société Tecsol, l’un des principaux bureaux d’études indépendants spécialisés dans l’énergie solaire. Pour lui, cet accord signé le 19 janvier 2012 avec la chambre de région (CCIR) vient réparer une inégalité entre les membres languedociens du pôle et ceux originaires de Midi-Pyrénées.

 

« Ils ne bénéficiaient pas des mêmes aides de la part des collectivités. » À Toulouse, Thierry Roux, qui dirige Pulsar Innovation, appuie cette analyse. En 2010, il fait labelliser par Derbi un projet collaboratif, mais n’obtient aucune aide financière des collectivités languedociennes pourtant partenaires du pôle (elles ont apporté 15 millions d’euros à des projets labellisés). « Elles préfèrent soutenir les entrepreneurs du pôle issus de leurs territoires », avance-t-il. Pulsar Innovation s’est alors tourné vers Oseo1 et le Feder (Fonds européen de développement régional), avec le soutien de Derbi, pour lever les fonds nécessaires à son projet. L’extension géographique suit logiquement l’expansion du rayon d’influence du pôle, hors du territoire régional.

 

Créé à Perpignan en 2005, Derbi fédère un réseau de 400 partenaires et compte 150 membres actifs: une majorité de PME, de grands groupes, des laboratoires, des fédérations professionnelles et une dizaine de collectivités territoriales du Languedoc-Roussillon. Déjà, 179 projets ont été labellisés pour un investissement total de 173 millions d’euros (dont 75 millions en fonds publics). Une grande partie des appels à projets lancés par le pôle est orientée vers la R&D (recherche et développement). La labellisation des projets par le conseil scientifique de Derbi ouvre la voie aux financements, dont les 5 milliards d’euros délivrés par l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie).

 

Le pôle est un lieu d’échanges et un catalyseur indispensable pour la filière. « Dans le contexte actuel, une entreprise comme la nôtre ne peut pas exister sans la mécanique des pôles », reconnaît Thierry Roux. Pour Raphaëlle Vienot, chef de service à la direction de l’environnement de la région Languedoc-Roussillon, « le pôle joue un rôle de locomotive pour les entreprises dans le domaine des énergies renouvelables et du bâtiment. Il favorise les transferts de technologies entre le monde entrepreneurial et celui de la recherche, encourage les projets innovants et crée une véritable dynamique entre les acteurs. Il joue un rôle fédérateur important pour la structuration de la filière ».

 

Une filière qui est pourtant déstabilisée depuis la décision de l’État de suspendre l’obligation d’achat par EDF de l’énergie photovoltaïque. De plus, les entreprises françaises spécialisées dans le solaire peinent à rattraper leur retard, notamment par rapport à leurs concurrentes allemandes. Dans ce contexte, Derbi conseille « à ses membres de profiter de cette période pour investir dans les R&D afin de revenir dans la course », affirme André Joffre. Derbi porte d’ailleurs un ambitieux projet IEED (Institut d’excellence énergies décarbonées, un pôle de compétitivité), nommé Themisol, dans le cadre du programme « Investissements d’avenir ». S’il est sélectionné, ce projet pourrait dynamiser la filière en y intégrant notamment une quinzaine de sociétés.

 

En attendant, Thierry Roux déplore un marché français encore « poussif ». Son produit labellisé et commercialisé a trouvé des clients de l’autre côté des Alpes, en Italie. « Nous sommes obligés de courir tout de suite à l’international », déplore l’entrepreneur toulousain. Au pôle Derbi, on a incorporé cette tendance: « L’internationalisation des PME est une partie importante de notre travail. La cible essentielle est la Méditerranée, car il y a de grands projets qui vont démarrer, mais également de petits programmes où les PME de la région auront leur carte à jouer », assure André Joffre. Le pôle Derbi fait, en outre, partie intégrante de l’Imeder (Institut euroméditerranéen des énergies renouvelables) en tant qu’ »échelon R&D », ajoute André Joffre. Un réseau de plus qu’il compte bien mettre à profit pour ses membres.

 

1Oséo est une entreprise publique (mission d’intérêt général à fonctionnement privé) qui finance la croissance des PME.

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