Bioalgostral ou l’énergie qui vient des algues

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D.R.
À La Réunion, la start-up Bioalgostral tropicalise une technique de culture allemande qui pourrait assurer la rentabilité du biocarburant à base d’algues d’ici quatre ans.

“Nous sommes en train de passer le cap industriel avec la mise en œuvre d’une unité de valorisation et production. Nous tropicalisons une technique innovante mise au point par notre partenaire”, explique Laurent Blériot, président de Bioalgostral. Son partenaire allemand, IGV GmbH, est leader mondial dans le domaine des outils de production en milieu clos. En 2010, cette société a réussi le pari de faire voler un avion avec un carburant fabriqué à 100% avec des micro-algues. Pour la production à grande échelle de micro-algues, le premier atout de La Réunion est son climat chaud et humide toute l’année, particulièrement propice au développement des cellules. Pas besoin de chauffer ou éclairer les serres comme en Europe, le soleil s’en charge. Sans compter une biodiversité locale encore peu connue et peu exploitée, qui peut cacher des trésors de ressources naturelles.

 

Actuellement, Bioalgostral sélectionne et cultive ses souches à une échelle de 3 100 litres. Au second semestre de 2012 débutera la mise en place de la phase préindustrielle; les premières algues seront produites à la fin de l’année. L’étape suivante consistera en la mise en œuvre locale d’un nouveau procédé MUTL, breveté et encore confidentiel. Il permettra d’augmenter la productivité et de faire baisser les coûts. Grâce à cette nouvelle technique, “de la biomasse pourra être produite d’ici deux ans. Ainsi, la production d’algues se ferait ici et nous pourrions commercialiser la technique industrielle”, affirme Laurent Blériot. “Nous cherchons à avoir une productivité de 250 tonnes de biomasse sèche par hectare et par an”, précise Samuel Jannel, ingénieur recherche et développement au sein de la société.

 

Avec ce rendement, la productivité des algues en huile convertible en biocarburants est plus élevée que celle des végétaux, type colza, pour une culture qui n’entre pas en compétition avec les terres agricoles. Autre avantage: cette culture peut se faire sur des friches, sans pesticides et sans que la qualité de la terre n’entre en ligne de compte. Enfin, si les algues vivent dans l’eau, elles n’en consomment pas… Mais ce projet 100% écolo doit encore prouver sa viabilité. “Aujourd’hui, nous ne basons pas notre rentabilité économique sur le biocarburant. Nous devons diversifier les débouchés pour rendre la culture économiquement rentable. De plus, les souches les plus intéressantes pour le biocarburant sont aussi les plus difficiles à cultiver”, explique Laurent Blériot. Riches en protéines et lipides, les micro-algues peuvent en effet être utilisées en nutrition animale et humaine ou en cosmétique.

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