Dans son rapport trimestriel sur la zone euro, publié fin mars, la Commission européenne a souligné que la reprise demeurait exposée à bien des risques. « Les perspectives faibles du marché du travail entravent la demande et comme bon nombre des sources de croissance sont de nature ponctuelle, la vigueur de la reprise dans l’UE reste à éprouver », écrit la Commission. Selon Eurostat, le taux de chômage de la zone a atteint un taux record de 10 % en février, en légère augmentation par rapport aux 9,9 % du mois précédent. Jamais la barre des 10 % n’avait été atteinte depuis août 1998. « La hausse du chômage a ralenti sensiblement ces derniers mois en raison du retour à la croissance dans la région depuis le 3e trimestre 2009 et de l’amélioration de la confiance des entrepreneurs », a commenté Howard Archer, économiste à l’institut de conjoncture américain IHS Global Insight. La hausse de février « maintient l’idée que le chômage dans la zone euro est toujours sur le point d’augmenter encore pendant la plus grande partie de 2010, si ce n’est toute l’année », a-t-il ajouté.
Eurostat, en révisant à la baisse ses deux précédentes estimations pour le PIB de la zone euro au quatrième trimestre 2009, a confirmé les conditions économiques et financières très difficiles que continue de rencontrer la zone euro. L’activité dans les seize pays de la zone a stagné entre octobre et décembre selon l’office européen des statistiques qui tablait jusqu’à présent sur une croissance de 0,1 % au quatrième trimestre, déjà en net ralentissement après une augmentation du PIB de 0,4 % au troisième trimestre, où la zone était sortie de la récession. Devant une situation économique jugée préoccupante, Bruxelles exhorte les pays de l’Eurogroupe à mener des réformes urgentes. Les pays les moins compétitifs enregistrent des déficits courants très importants et certains cumulent cela avec des déficits budgétaires et un endettement élevé, souligne la Commission. Selon cette dernière, les pays qui ont perdu de la compétitivité doivent opérer des réformes structurelles d’urgence pour la récupérer, surtout la Grèce, qui combine des graves déséquilibres budgétaires avec des pertes de compétitivité prolongées.
« Une réponse coordonnée et ambitieuse permettrait non seulement d’adoucir le nécessaire processus d’ajustement mais encore de stimuler les perspectives de croissance à long terme de la zone euro », conclut le rapport. Dans un environnement économique encore incertain, la faiblesse de l’euro apparaît comme une aubaine pour le Vieux Continent. Soutenue par la dépréciation de la monnaie unique face au dollar, l’activité du secteur manufacturier de la zone euro a enregistré en mars sa plus forte croissance depuis plus de trois ans, selon les résultats définitifs des enquêtes mensuelles auprès des directeurs d’achats. En Allemagne, la première économie des Seize, l’activité manufacturière a affiché en mars sa plus vive progression depuis près de dix ans. En France, le secteur a enregistré sa croissance la plus soutenue depuis novembre 2006. Pour les économistes interrogés par Reuters, la vigueur des exportations devrait assurer à l’économie de la zone euro une croissance de 0,4 % par trimestre jusqu’en 2011.