Doucement, le Venezuela tente d’adopter une posture fière après avoir été frappé de plein fouet par une crise politique et institutionnelle. En dépit du climat hostile, le président populiste Hugo Chávez, au pouvoir depuis 1999, et finalement reconduit en 2004 par un référendum fomenté par ses rivaux politiques, a appelé à la conciliation nationale. Discréditée et quelque peu divisée, l’opposition anti-chaviste, qui étendait son réseau jusque dans les pièces maîtresses de l’économie nationale (notamment la puissante compagnie nationale Pétroleos de Venezuela SA) reconstruit pour l’instant ses barricades. Très fortement représenté parmi le patronat vénézuélien, le mouvement contestataire tenta d’ailleurs en avril 2002 un coup d’État. En tête de ce « putsch », un homme : Pedro Carmona, qui se trouvait être également président de la Fédéra-tion des chambres et des associations de commerce et d’industrie du Venezuela (Fedecámaras)…
Le contexte paraît rude pour la nouvelle présidente de la Fedecámaras, élue en 2003, Albis Muños. Cette organisation représentative fondée en 1944, dont l’objectif principal était de défendre et de favoriser la libre entreprise, doit accomplir sa mission sur un terrain largement accidenté par le séisme institutionnel. Pour autant, la fédération continue de promouvoir la diversification de l’économie du pays en observant de près l’ordre juridique établi. L’enjeu est aussi celui du maintien de la position de patronat comme interlocuteur devant les pouvoirs publics nationaux, régionaux et municipaux.
En quête de relations
Les moyens sont légitimes et la Fedecámaras s’emploie à stimu-ler l’activité économique des différentes régions du pays. L’international s’impose en outre comme une sortie de secours pour un pays dont l’économie demeure incertaine (le PIB a reculé de nouveau de 9,5 % en 2003). L’État cherche d’ailleurs à consolider ses liens avec les pays voisins, comme le Brésil, et a manifesté sa volonté de collaborer davantage avec le marché commun sud-américain (Mercosur). Pour y faire écho, la fédération des chambres, dans sa mission de développement des relations, coordonne des commissions de négociations avec le Mercosur.
Pour traiter la question du marché extérieur, la Fedecámaras a structuré dans les années 90 un Bureau d’affaires internationales, manière aussi de placer une sphère patronale vénézuélienne sur l’échiquier extérieur et participer ainsi aux négociations multilatérales. La mission du Bureau d’affaires s’apparente à celle de tout autre pôle international consulaire. La Fedecámaras peut compter sur l’appui des missions diplomatiques dans le monde et sur un échange d’informations commerciales avec les organisations internationales, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque mondiale, la Corporation interaméricaine d’investissement et l’Organisation mondiale du commerce (OMC). Enfin, la fédération vénézuélienne approfondit ses relations avec les chambres binationales et peut se réjouir de participer à la création de nouvelles structures similaires.