Stress au travail: « Aujourd’hui le travail est davantage mentalisé »

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Plus d’un salarié européen sur cinq déclare souffrir de troubles de santé liés au stress au travail, selon l’Institut national de la recherche et de la sécurité (INRS). Sentiment d’être débordé, manque de reconnaissance… Le stress influe sur les individus et sur la vie de l’entreprise. Créé en 1989 par le psychiatre Patrick Légeron, le cabinet Stimulus met son expertise au service des professionnels. « Notre premier client a été la RATP, indique Adrien Chignard, consultant chez Stimulus et psychologue du travail et des organisations. La direction constatait le mal-être des conducteurs face à des comportements d’usagers de plus en plus difficiles. »

 

La notion de risques psychosociaux au sein de l’entreprise est alors peu connue. Mais, dès 2007-2008, la thématique devient plus manifeste. Suite à une vague de suicides chez France Télécom et au Technocentre Renault de Guyancourt (Yvelines), Xavier Darcos, alors ministre du Travail, lance un plan d’urgence. Objectif : obliger les entreprises de plus de 1 000 salariés à ouvrir des négociations sur la prévention du stress au travail et mettre en place des actions concrètes. L’approche de Stimulus se veut globale. Elle assure en priorité la santé au travail pour mener vers « une véritable politique de prévention de la souffrance psychologique ». Philippe Grosskost, président de Stimulus, explique: « Nous intervenons à plusieurs niveaux. D’abord en identifiant les facteurs de risques, en trouvant des solutions pour les réduire et en agissant lors de situations tendues. »

 

La méthode est basée sur une démarche scientifique, validée par un conseil scientifique constitué d’experts reconnus et qui intègre plusieurs disciplines (sciences sociales, des organisations et du management, psychologie, science médicale). Des outils précis permettent aux consultants du cabinet d’identifier le stress. Les facteurs de risques psychosociaux peuvent ainsi survenir d’un manque de clarté des rôles, d’une charge de travail trop importante, d’un délitement du relationnel au sein de l’entreprise… Côté symptômes, l’absentéisme, le roulement important de personnel (« staff turnover »), la perte de qualité de la production, les conflits ou encore l’isolement doivent être pris en compte.

 

Stimulus intervient dans tous les secteurs, particulièrement dans le domaine de l’industrie et des services. Avec 99% de psychologues du travail et de cliniciens, qui ont tous une expérience du monde de l’entreprise, parmi ses consultants, le cabinet est en mesure de mobiliser plus de 80 experts. « Nos interventions gagnent en crédibilité, commente Philippe Grosskost. Et nous nous impliquons dans la diffusion de la connaissance: plusieurs de nos consultants enseignent parallèlement. » La société est d’ailleurs membre fondateur de la Fédération des intervenants en risques psychosociaux (FIRPS). « De plus en plus de PME nous contactent, ajoute le président. Au total, 77 000 salariés ont répondu à notre questionnaire. »

 

Ces chiffres ne sont pas forcément révélateurs d’un univers professionnel plus oppressant: « Aujourd’hui, le travail est davantage mentalisé, avec l’omniprésence de l’ordinateur ou encore la pression de la crise, décrit Adrien Chignard. Ce sont les sources de stress qui ont évolué. » Aussi, pour répondre aux nouvelles données psychosociales, Stimulus envisage de développer davantage ses compétences en accompagnant ses clients à l’étranger, par exemple, et en mettant en place des partenariats avec d’autres pays.

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