Apeurées par la crise, les entreprises chinoises céderaient plus volontiers aux sirènes du protectionnisme. C’est en tout cas ce qui ressort du Rapport de position (Position Paper), publié par la Chambre de commerce européenne en Chine (EUCCC) en février dernier. « La situation est inquiétante. Il ne faudrait pas que la période incertaine que nous traversons ruine les efforts d’ouverture de la Chine, entamés il y a près de trente ans », prévient Dirk Moens, secrétaire général de l’organisation tout récemment élu. Ce dernier rappelle au passage que ces pratiques ont tout de même déjà coûté la bagatelle de « 21 milliards d’euros à l’UE en 2006 ». Même ferveur de la part de la diplomatie chinoise, qui prône l’ouverture et la coopération entre l’Europe, la Chine et, bien entendu, les États-Unis. Or, sur le terrain, les déclarations officielles ne semblent pas toujours avérées. Au contraire. Les entreprises européennes fustigent « une forme plus sophistiquée de protectionnisme basé sur le lobbying de groupes d’intérêts locaux ».
Et redoutent une aggravation de la discrimination envers les entreprises étrangères évoquant notamment le durcissement des lois portant sur l’exportation des compétences, ou encore l’impossibilité d’acquérir une entreprise chinoise à plus de 49 %, alors que dans le même temps, « en 2007, la China Minmetals Non-Ferrous Metals Co. Ltd a racheté la totalité de HPTec, premier fabricant allemand de ponceuses et pinces coupantes ». Dirk Moens n’en reste pas moins persuadé que le désir politique chinois d’ouverture pèsera inévitablement en faveur de l’harmonisation des pratiques commerciales. Et rappelle le rôle non négligeable joué par l’EUCCC, notamment dans la promulgation de la loi anti-monopolistique de 2007 : « Nos rapports de position sont de véritables actions de lobbying à part entière, et ils sont devenus très crédibles aux yeux du gouvernement chinois. En un peu moins de 10 ans, nous avons contribué à changer les choses. »