
La plupart des entreprises chinoises se portent bien au sein de l’Union européenne, malgré la montée des défis tels que la hausse des coûts salariaux, les barrières commerciales et les efforts du bloc pour réduire sa dépendance vis-à-vis de Pékin, selon le rapport annuel de la Chambre de Commerce chinoise auprès de l’Union européenne (CCCEU).
Plus de 80% des entreprises interrogées ont signalé des performances stables ou en amélioration en Europe en 2024, plus de la moitié ayant enregistré une croissance de leur chiffre d’affaires et 40% une augmentation de leurs bénéfices, d’après un rapport publié par la CCCEU en collaboration avec le cabinet Roland Berger.
Le Président de la CCCEU, Liu Jiandong, a déclaré que les relations économiques entre la Chine et l’UE évoluaient d’une «interdépendance complémentaire» vers une «co-construction stratégique». Selon lui, l’Europe n’est plus seulement une destination d’exportation pour les entreprises chinoises, mais «un pôle d’innovation technologique, un terrain d’essai pour les marques mondiales et un espace clé pour l’harmonisation des standards».
Les investissements chinois en Europe ont fortement progressé l’an dernier, avec un accent croissant sur les marchés d’Europe de l’Est, notamment la Hongrie.
Le rapport recense près de 3 000 entreprises chinoises opérant dans les 27 États membres de l’UE fin 2024, employant plus de 260 000 salariés locaux. Les entreprises chinoises tendent de plus en plus à localiser leur production au sein du bloc, suivant le principe du «in the EU, for the EU» («dans l’UE, pour l’UE»).
Cette stratégie intervient alors que l’Europe s’inquiète de la montée des exportations chinoises et de la concurrence perçue comme une menace pour l’emploi et l’industrie locale. Ces craintes, combinées à des facteurs géopolitiques tels que la position de la Chine sur la guerre en Ukraine, ont accentué les tensions commerciales, rendant le bloc plus méfiant vis-à-vis des entreprises et des investissements chinois.
Le rapport identifie la hausse des coûts de main-d’œuvre comme le principal défi pour les entreprises chinoises, devant les tensions géopolitiques et les changements de politiques nationales.
Près de 93% des répondants affirment que la hausse des salaires a impacté leurs activités.
Selon les données officielles de l’UE, le coût horaire moyen du travail a atteint 33,50 € en 2024. En Hongrie, où les investissements chinois se concentrent, la hausse a atteint 11,9%, contre une moyenne européenne de 4,3%.
Les entreprises chinoises subissent également la pression de la stratégie européenne de «réduction des risques» dans les chaînes d’approvisionnement, que la CCCEU dénonce comme une «politisation des enjeux commerciaux».
Neuf entreprises sur dix déclarent subir des effets négatifs de cette stratégie, notamment via un renforcement du contrôle des investissements, des barrières à l’accès au marché et une incertitude réglementaire accrue.
81% des entreprises interrogées estiment que l’incertitude économique a augmenté, reflet d’une pression macroéconomique persistante et d’un environnement opérationnel de plus en plus complexe. De même, 81% des répondants se disent préoccupés par la politisation des évaluations de cybersécurité, tandis que 68% affirment être directement touchés par les barrières à l’investissement dans les secteurs technologiques de pointe. Les entreprises craignent que des mesures similaires ne soient bientôt étendues aux véhicules intelligents, à l’intelligence artificielle et aux nouvelles énergies, selon le rapport.
Face à ces défis croissants, la note moyenne attribuée par les entreprises chinoises à l’environnement des affaires en Europe a chuté pour la sixième année consécutive : de 73 sur 100 en 2019 à 61 en 2025.
Les sociétés appellent à un marché plus équitable, transparent et prévisible, condition nécessaire pour rétablir la confiance et soutenir une croissance stable.
«La clé réside dans une redéfinition du concept de réduction des risques», souligne le rapport, «non pas comme un processus de découplage, mais comme une démarche visant à assurer des chaînes d’approvisionnement diversifiées et sécurisées grâce à une coopération approfondie.»
Le document conclut que, si l’UE et la Chine parviennent à transformer ces défis en opportunités, la diminution des risques pourrait devenir un moteur de collaboration plus étroite, plutôt qu’un motif de division économique.
























