Le nombre de défaillances d’entreprises augmente de près de 35% au 1er trimestre 2022 sur un an. Les jeunes entreprises et les petites PME sont les plus fragilisées, les activités B2C (commerce, restauration, etc.) sont les plus durement touchées.

« Pas de déferlante, mais plutôt un dur retour à la réalité ». 9 972 entreprises sont tombées en défaillance entre le 1er janvier et le 31 mars 2022, soit une hausse de 34,6 % par rapport à la même période en 2021, selon les derniers chiffres d’Altares sur les défaillances d’entreprises en France. Un niveau nettement inférieur à ceux de 2018 ou 2019 (14 000) mais proche de celui de début 2020 (10 902).

Source : graphique « Évolution du nombre de défaillances d’entreprises en France sur 10 ans (Données 12 mois glissants – mars 2012 à mars 2022) », tiré de l’étude « Défaillances et sauvegardes d’entreprises – 1er trimestre 2022 » d’Altares

«Au 1er trimestre 2022, l’étau de la crise sanitaire se desserre et les aides s’arrêtent. Un retour à une forme de normalité qui implique aussi une reprise des défaillances, explique Thierry Millon, directeur des études Altares. La hausse s’amorce donc et elle est déjà très nette dans les secteurs qui comptent sur la reprise des habitudes de consommation comme aller au restaurant ou chez le coiffeur. Aucun territoire n’est épargné par le phénomène.»

Hausse rapide des redressements judiciaires

Si les procédures de redressement judiciaire (RJ) représentent moins d’un jugement sur quatre (22%) – un taux en deçà des 30% relevés en 2018 -, elles affichent une «hausse rapide de 46,6% pour 2188 jugements prononcés». Soit la plus forte augmentation enregistrée parmi les procédures de défaillances.

Les jugements de liquidation judiciaire (LJ) augmentent également fortement (+ 31,7% ; 7564 liquidations) et le nombre de procédures de sauvegarde – qui pèsent seulement 2,2% de l’ensemble des procédures – augmente de 29,4%.

Près de la moitié des entreprises défaillantes ont moins de 5 ans

Le nombre de défaillances des entreprises fondées pendant ou juste avant la crise a explosé de +52%. Au total, 48% des entreprises entrées en défaillance au 1er trimestre 2022 ont été créées il y a moins de 5 ans. 19% ont moins de 3 ans. Parmi ces dernières, 83,8% ont immédiatement été placées en liquidation judiciaire. Toutes ou presque sont des sociétés commerciales (90%), et non des micro-entreprises.

Les difficultés des jeunes entreprises sont particulièrement marquées dans les activités «magasins multi-rayons» (essentiellement des commerces d’alimentation générale) où les défauts sont trois fois plus nombreux ce trimestre ; mais aussi dans la restauration (+180%), où le nombre de procédures était exceptionnellement bas il y a un an.

«Les petites PME dépassent leur niveau d’avant-crise»

Sans surprise, les TPE représentent une très grande part des entreprises en cessation de paiement (94%). Le plus inquiétant est le nombre de défaillances des petites PME (entre 10 et 48 salariés) qui flambe de +56% sur un an (645), atteignant un niveau plus élevé qu’avant la crise (632). Les secteurs les plus touchés sont ceux de la construction, du commerce et de l’industrie.

A contrario, les PME d’au moins 50 salariés résistent davantage avec des taux de défaillance quasi stables (+5,4% pour celles employant entre 50 et 99 salariés, +0% pour celles employant plus de 100 salariés).

Tous les secteurs sont à la peine

En première ligne, les activités à destination des consommateurs : restauration traditionnelle (+111%), agroalimentaire (artisans boulangers-pâtissiers, +97%), débits de boissons (+87%), services aux particuliers (salons de coiffure, instituts de beauté, +86%) alimentation générale (+83%), le e-commerce (+65%) ou les services informatiques et édition de logiciels (+51%).

Dans une moindre mesure, les secteurs des transports (+37%), de l’habillement (+34%), de réparation de véhicules (+33%), de l’industrie manufacturière (+29%), de la métallurgie-mécanique (+24%), des services aux entreprises (+17%), l’agriculture (+12%), les activités de conseil en communication et gestion (+11%), les activités de sécurité (-2%) et nettoyage de bâtiment (-3%) résistent mieux.

Seulement une trentaine de procédures de traitement de sortie de crise (PTSC)

«Cinq mois après le démarrage de la PTSC, à peine plus d’une trentaine de procédures ont été ouvertes ; 18 sur le premier trimestre 2022 et 14 au cours du dernier trimestre 2021, notent les auteurs de l’étude d’Altares. Parmi ces dernières, 2 ont depuis fait l’objet d’un redressement ou d’une liquidation judiciaire. 10 ont pu valider un plan dont la durée a été fixée entre 5 et 10 ans.»

Un faible engouement expliqué en partie par le fait que les PME ne peuvent bénéficier d’une avance du régime de garantie des salaires (AGS) pour payer leurs salariés, à la différence du redressement judiciaire.

Pour rappel, la PTSC est ouverte aux PME saines avant la crise, de moins de 20 salariés et disposant de moins de 3 M€ de total de passif, hors capitaux propres. Elle doit permettre un rebond plus rapide en cas de difficultés financières liées aux conséquences de la crise sanitaire mais devrait s’éteindre le 2 juin 2023.

®netPME – Suivez les actualités dédiées au chef d’entreprise sur netpme.fr du groupe Lefebvre Dalloz

Retrouvez également notre précédente publication vidéo, Lefebvre Dalloz : Faites confiance au leader européen de la connaissance juridique, fiscale, sociale et patrimoniale

Article précédentLOCAMOD : Plus de 40 ans de savoir-faire et d’expertise dans la location de matériel de chantiers
Article suivant2Be-FFICIENT : « Devenir la référence du monitoring »