Alors qu’il n’était encore que Ministre de l’Economie et des Finances, Emmanuel Macron avait déjà bien compris la nécessité de réformer le fonctionnement des Chambres de Commerce et d’Industrie en France. Ce réseau, dont le rôle initial est d’accompagner et promouvoir l’entrepreneuriat en France, a longtemps bénéficié de subventions étatiques conséquentes et baigné dans un certain conformisme de fonctionnement.

Mais aujourd’hui l’ensemble du réseau essuie une énième baisse de ses ressources fiscales et les interpellations de présidents de Chambres en direction des pouvoirs publics ne cessent de se multiplier pour s’insurger et faire part de leur désarroi. L’une des questions qu’il est alors naturel de se poser est pourquoi les gouvernements qui se succèdent, et qui ont pour premier objectif le retour de la croissance, s’en prennent aux Chambres de Commerce et d’Industrie françaises ? Est-ce là une manifestation de désintérêt de l’Exécutif pour le réseau consulaire, voire une évaluation peu favorable de son efficacité ?

Au cœur de ce que l’on pourrait percevoir comme de la déconsidération, nombreuses sont les Chambres qui doivent licencier dans leurs effectifs, certaines sont même contraintes de vendre leurs locaux pour espérer survivre. Bref, un vent de panique ébranle les fondations vacillantes du réseau consulaire et ce sont tous les acteurs du réseau qui se tournent alors vers le Président de CCI France, Pierre Goguet, espérant que ce dernier saura redorer l’image des Chambres de France. Mais y parviendra-t-il seulement ?

Le porte-parole a-t-il suffisamment de voix pour les défendre ?

De par son statut Pierre Goguet est celui qui représente l’ensemble du réseau des 126 CCI françaises auprès des politiques et de l’Executif en particulier. Comptable bordelais d’origine, Pierre Goguet a-t-il les bonnes cartes en main pour montrer au Président Macron le potentiel et l’efficacité des CCI françaises sur l’économie nationale ? Face au jeune chef de l’Etat dont les mots d’ordre sont « transformation, rapidité, efficacité » encore faut-il pouvoir assurer le rythme, tenir la cadence et savoir se renouveler. Derrières les discours circonstanciés, Pierre Goguet amène-t-il un véritable changement, une vision novatrice pour les entreprises françaises ?

Le silence des médias grand public sur le sort funeste des CCI françaises ne va pas dans ce sens. On ne peut clairement pas affirmer que le débat et la défense de ces institutions aient pris place dans l’opinion publique. Et c’est sans doute là une obscurité médiatique qui va coûter cher à l’ensemble du réseau.

D’autres faits d’actualité défavorables à l’économie française sont peu entendus dans les débats publics et pourtant la CCI France devrait s’en emparer au plus vite. Notamment la réforme fiscale américaine qui inquiète fortement toutes les entreprises françaises qui exportent et/ou produisent outre-atlantique. Pour l’instant il n’y a pas eu de déclaration accessible de la part de CCI France face à ces enjeux et les actions préconisées par Pierre Goguet restent, sinon inconnues, pour le moins peu audibles. Tout comme la revitalisation des centres villes des communes dites « périphériques », certes au programme du cahier des charges de l’ensemble des CCI françaises, mais quelles mesures concrètes ? On aimerait plus de clarté sur les méthodes engagées par le président de CCI France, c’est la moindre des choses pour pouvoir se faire une opinion sur son efficience.

L’opinion publique de moins en moins consciente de l’existence des CCI en France

En effet tout le problème réside dans l’image même des CCI françaises et de leurs représentants, et donc leur côte de popularité. Aujourd’hui lorsque l’on questionne des chefs d’entreprise sur le rôle d’une CCI, beaucoup n’ont pas d’idée précise sur la question. Un chiffre confirme ce manque d’influence du réseau : fin 2016, lors des dernières élections des élus consulaires sur la totalité du territoire national, à peine 12% des chefs d’entreprise ont participé au vote.

Pierre Goguet qui a été élu le 6 février 2017 à la Présidence de la plus haute instance consulaire face à Jean Vaylet, n’a semble-t-il pas encore eu l’occasion de faire germer dans le débat publique la question essentielle de la sauvegarde des CCI. Est-ce que Jean Vaylet qui était, lui, soutenu par le Président du MEDEF Pierre Gattaz à l’époque aurait eu une voix plus portante ? Compte tenu du lien de proximité entre Pierre Gattaz et le chef de l’Etat, peut-être que le message aurait gagné en répercussion. Quoiqu’il en soit face à un Président réformiste, volontaire et qui promeut l’entrepreneuriat comme aucun autre avant lui, Pierre Goguet devrait être plus visible encore, plus actif peut-être, plus décisif assurément.

Article précédentPRIMAGAZ : Mettre à disposition des transporteurs le Gaz Naturel pour Véhicule
Article suivantWOOXO : Un acteur clé dans la cybersécurité des entreprises