Lors de son dernier sommet à Sharm-el-Sheikh les 12 et 13 avril, le Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe) affichait ses ambitions : 150 projets de développement de grande envergure au sein de ses 19 États membres, plus de 30 milliards d’euros d’investissement initial, des accords bilatéraux pour la construction d’axes ferroviaires, routiers… Le parterre d’entrepreneurs et de personnalités politiques invitées pour l’occasion ne pouvait qu’être impressionné.
Le Comesa est d’abord une organisation d’intégration économique, mais « il constitue aussi une excellente vitrine pour l’économie africaine.Il promeut la création et l’investissement sur son territoire, assoit la stabilité et la sécurité entre ses membres. C’est essentiel pour restaurer la confiance et dynamiser le continent », explique Mahmoud Mohieldin, ministre égyptien de l’Investissement. Pour Sally Costerton, P-DG de Hill & Knowlton, une agence internationale de relations publiques en charge de nombreux programmes de promotion du continent africain, « l’organisation, pour l’instant, n’a pas le poids qu’elle souhaiterait avoir. Ses opérations en termes de promotion à l’égard des potentiels investisseurs étrangers sont plutôt légères. Le Comesa est d’ailleurs très méconnu en Europe. » Sally Costerton estime ainsi que les atouts de l’organisation résident surtout dans le dispositif d’intégration régionale qu’elle met actuellement sur pied et « qui régira sans doute une grande partie des échanges économiques de demain ».
L’année 2009 a marqué un tournant pour l’organisation, qui a officiellement lancé une union douanière, attendue de longue date, faisant baisser les tarifs en vigueur pour la circulation des produits. Exonération des taxes portant sur les matières premières, plafonnement à 25 % pour les produits intermédiaires et manufacturés… L’organisation est passée à la vitesse supérieure. « Il s’agissait d’envoyer un message fort aux investisseurs du monde entier, en montrant que l’Afrique comporte désormais un bloc régional majeur où les échanges sont facilités », souligne Mahmoud Mohieldin. Les 19 États membres ont également levé toutes les restrictions relatives aux visas touristiques à l’intérieur du Comesa. « Par le passé, les disparités qui existaient entre ces pays en termes de taxes et de règles de fonctionnement ont été particulièrement importantes. Le but est de gommer peu à peu ces différences pour augmenter l’attractivité de l’espace », poursuit le ministre. L’objectif de l’union douanière est de se transformer progressivement en marché commun, au sein duquel la libre circulation des biens, services, personnes et capitaux sera assurée, ainsi que la liberté d’établissement dans tous les États membres. Le stade ultime de l’intégration économique sera l’établissement d’une Union monétaire, prévue à l’horizon 2025.
Accélérer l’intégration
Les représentants du Comesa se réuniront d’ici la fin de l’été 2010 au Swaziland pour trouver de nouveaux terrains d’entente dans le processus d’harmonisation du cadre légal qui encadre l’investissement au sein des États membres. Lors de ce rendez-vous, le ministre égyptien attend « des efforts de la part de tous les dirigeants pour offrir de nouvelles garanties et de meilleures protections pour les sommes mises en jeu par les investisseurs. » Cela doit être l’occasion de promouvoir la nouvelle chambre de compensation, créée par le Comesa dans le but de doper le commerce intrarégional. Il s’agit d’un système de paiement des échanges, entre les pays de la zone, plus rapide et moins coûteux pour les importateurs et exportateurs puisqu’il permettra d’éviter un transit par les grandes banques internationales. L’avantage réside dans une réduction des taxes appliquées lors des transferts d’argent et de la durée des opérations. Habituellement, les transactions sont conclues en plusieurs jours (les délais peuvent prendre 5 jours).
En développant un tel organe, les pays du Comesa pourront mener leurs opérations en 24 à 48 heures. Les frais d’intermédiation pour le commerce entre États membres pourront être divisés par cinq ou six. Ce système est, en outre, accessible aux importations et exportations émanant de pays hors-Comesa, au travers leurs banques centrales, et devrait être pleinement opérationnel d’ici la fin 2010. Mahmoud Mohieldin assure qu’« en montrant ainsi une volonté forte de se réformer, l’accroissement des échanges sera une conséquence naturelle. » L’organisation pourrait connaître d’autres rebondissements. « Plusieurs pays comme le Ghana, le Nigeria et l’Afrique du Sud se montrent de plus en plus attentifs aux activités du Comesa. Il ne serait pas étonnant si certains d’entre eux intégraient l’organisation dans les prochaines années », ajoute le ministre.