Depuis une douzaine d’années, le CDEA mène un travail multiforme : aides à l’implantation d’entreprises, recrutement de main-d’œuvre, participation à des foires et des salons internationaux et diverses démarches de réseau. Une mission essentielle dans une province connue pour être le plus grand producteur canadien de pétrole, de gaz naturel et de charbon, pour ses nombreuses industries de pointe et son agriculture. Située dans l’ouest du Canada, à l’est de la Colombie-Britannique, à l’ouest de la Saskatchewan, au nord du Montana et au sud des Territoires du Nord-Ouest, l’Alberta est la 6e province du Canada par sa superficie et la 4e par sa population (voir encadré). Si elle ne possède aucune langue officielle dans ses statuts, l’anglais est toutefois la langue majoritaire.
Toutefois, bien que les francophones ne constituent que 2,3 % de la population, le français est parlé par plus de 7 % des habitants grâce au bilinguisme. C’est pour aider les entreprises francophones à se développer que des comités communautaires ont été mis en place en 1995. Ces comités ont effectué des consultations qui ont conduit au développement d’une organisation unifiée. Deux ans plus tard, naissait le Conseil de développement économique de l’Alberta (CDEA). Fondée grâce à des initiatives communautaires francophones, cette compagnie à but non lucratif a pour objectif principal d’offrir des services aux gens d’affaires francophones dans une province majoritairement anglophone. Le CDEA a son siège dans la capitale, Edmonton, possède trois succursales à Bonnyville, Calgary et Edmonton, emploie dix personnes à plein temps et dispose d’un budget annuel de1,2 million de dollars canadiens (741 000 euros).
Aider les entreprises francophones à se développer
Ses services aux entreprises sont multiples : aides au démarrage, mise en place d’entreprises, recherche, mise en marché, formations, notamment en gestion et en marketing, et recrutement de travailleurs… Ce dernier service est extrêmement utile en raison de la pénurie de main-d’œuvre en Alberta depuis une dizaine d’années. Le CDEA remplit pleinement son rôle communautaire en aidant les entreprises à offrir des services en français et en participant activement au développement de la promotion et de l’affichage en langue française. « Cette dimension communautaire, ainsi que la très large palette de services que nous offrons, nous a permis de fédérer un nombre croissant d’entreprises : en 1997, le CDEA avait recensé 380 entreprises dans sa base de données ; aujourd’hui, elles sont plus de 1 400 à être enregistrées chez nous », se réjouit Frank Saulnier, PDG du CDEA. Depuis 2005, l’agence propose aussi un service d’exploration pour les entreprises désirant s’établir en Alberta. Concrètement, elle fait se rencontrer les potentiels entrepreneurs avec les autorités municipales et offre des bureaux avec téléphones, fax, ordinateurs…
Une entente a même été signée il y a deux ans entre le CDEA, le ministère du Développement économique du Québec et les agences de développement économique municipales pour renforcer les services aux entrepreneurs. Bien entendu, le CDEA n’agit pas seul. Ses partenaires principaux sont le Réseau de développement de l’économie et de l’employabilité (RDEE) ainsi que deux ministères, celui de la Diversification de l’économie de l’ouest Canada (DEO) et celui des Ressources humaines et développement des compétences Canada (RHDCC). Tout comme le CDEA, le RDEE est né en 1997. Basé à Ottawa, la capitale fédérale, il résulte d’un arrangement national qui implique toutes les agences de développement économiques francophones du Canada, sauf celles du Québec.
Plans communautaires de développement
Le RHDCC et DEO fournissent pour leur part la plus grande partie du budget du CDEA (500 000 dollars canadiens chacun, soit 309 000 euros). Le reste provient d’entreprises privées issues de l’industrie touristique. Avec ces deux ministères, le CDEA a réussi à mettre en place des plans de développement économique communautaires à longue échéance (deux ou trois ans), ainsi que diverses activités culturelles. Le CDEA gère aussi un important dossier touristique : en partenariat avec les entreprises albertaines, il organise depuis plusieurs années de grandes campagnes publicitaires dont le budget annuel dépasse les 520 000 dollars canadiens (soit 321 000 euros) et participe à de nombreux salons et foires internationaux. Le CDEA se rend notamment à Paris pour le MAP (le Monde à Paris, ex-Salon mondial du tourisme) et le salon Top Résa.
L’année dernière, cette politique touristique offensive a été enrichie par la mise en place de liaisons aériennes directes vers Paris depuis Calgary ou Vancouver, ce qui a permis d’augmenter le nombre de visiteurs annuels francophones de la province : ils n’étaient que 7 000 il y a dix ans, ils ont été plus de 50 000 en 2008. Sans surprise, les Français y sont très majoritaires (plus de 70 %). « Le CDEA ne doit pas être vu comme un simple organisme linguistique, prévient Frank Saunier. Notre but principal est de donner davantage d’opportunités économiques aux entreprises albertaines ». Avec un impôt sur les entreprises moins élevé que dans les autres provinces canadiennes et une absence de TVA, l’Alberta dispose, en plus du CDEA, d’arguments très sérieux pour attirer les entreprises sur son territoire.
L’Alberta en quelques chiffres
– Superficie : 661 448 km2
– Population : 3,5 millions d’hab. (65 000 francophones et 205 000 personnes pouvant parler le français)
– Capitale : Edmonton
– Villes principales : Calgary, Red Deer, Lethbridge, Fort McMurray, Grande Prairie, Medicine Hat
– Villes touristiques : Banff et son parc national, Lac Louise et Jasper, situées dans les montagnes Rocheuses de la province
– Lieutenant-gouverneur : Norman Lim Kwong
– Premier ministre de la province : Ed Stelmach (conservateur)