La zone euro et la crise de la dette

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Après la Grèce, c’est au tour de l’Irlande d’inquiéter les marchés.

À l’heure où les dirigeants du G20 essayaient de masquer leur discorde et de sauver les apparences grâce à une communication bien huilée, la crise de la dette publique eurolandaise est repartie de plus belle. Cible des marchés : l’Irlande, dont le déficit public a atteint en septembre 32 % de son produit intérieur brut (PIB) et qui a reconnu qu’un énième plan de rigueur serait nécessaire pour remettre les comptes en bon ordre d’ici 2014.
Les taux d’intérêt des emprunts souverains irlandais à dix ans ont progressé jusqu’à 9,24 % jeudi 11 novembre, du jamais vu depuis l’entrée du pays dans la zone euro. De son côté, l’euro a chuté à 1,36 dollar, contre plus de 1,40 en début de semaine. Les marchés n’ont pas oublié les propos alarmistes de Morgan Kelly, professeur de l’University College de Dublin, publiés quelques jours plus tôt dans une tribune de l’Irish Times. Le texte, sous-titré « L’Irlande est insolvable », a rappelé ainsi aux investisseurs que le risque de défaut de l’un des « maillons faibles de l’Europe » était plus que jamais d’actualité.
Dans cette perspective, les rumeurs d’une intervention imminente du Fonds européen de stabilisation financière (FESF) de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI), se sont multipliées. Elles ont été rapidement été démenties par les principaux intéressés. « L’Irlande peut gérer sa crise elle-même et n’a pas demandé d’aide du FMI », a indiqué le directeur général du FMI, Dominique Strauss-Kahn. Son organisation sera néanmoins prête à aider le pays à l’avenir, mais, pour l’heure, ce n’est pas à l’ordre du jour, a-t-il précisé. Les instances européennes partagent cette position. En outre, l’Irlande semble peu incline à demander de l’aide. « L’État est entièrement financé jusqu’en juin prochain et nous avons d’importantes réserves. Ce pays n’est pas dans une situation où il devrait faire appel à des fonds », a déclaré Brian Lenihan, le ministre irlandais des Finances, vendredi 12 novembre.
Pour autant, les incertitudes restent grandes en Irlande. Le plan d’économie annoncé par le gouvernement est actuellement en cours de négociation avec la Commission européenne. Dublin s’est engagé à réduire le déficit de 32 % cette année à moins de 3 % en 2014, un effort jugé énorme. L’île verte est également pénalisée par l’extrême fragilité du secteur bancaire liée à la crise des prêts hypothécaires aux particuliers. La dernière estimation du coût de la nationalisation de l’Anglo Irish, principal financier des groupes de BTP, et de deux petites caisses hypothécaires ainsi que du renflouement de l’Allied Irish et de la Bank of Ireland s’élève à 50 milliards d’euros.
Enfin, l’augmentation des pertes des banques dues aux crédits hypothécaires accordées à des particuliers de moins en moins solvables suscite la crainte. En juin, dernière statistique disponible, 5 % des détenteurs de prêts immobiliers accusaient un retard de 90 jours dans le paiement de leurs mensualités, contre 3,3 % neuf mois auparavant. Ce pourcentage devrait progresser sensiblement dans les mois à venir, prédisent les économistes. En résumé, l’Irlande est loin d’être sauvée d’affaire… et l’Europe non plus.

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