Du nucléaire à l’aérospatial, il n’y a parfois qu’un pas. L’entreprise luxembourgeoise Gradel, fournisseur historique d’équipements pour l’industrie nucléaire, a franchi cette étape pour diversifier ses activités et se tourner désormais vers le secteur spatial, très demandeur de solutions techniques innovantes. « En marge de notre premier métier, nous fournissons aujourd’hui des équipements pour la construction et la manutention de satellites. En 2007, nous avons obtenu un premier contrat à la suite d’un appel d’offres lancé par l’ESA (Agence spatiale européenne) », explique Claude Maack, directeur général de la société. L’entreprise a alors proposé à l’Agence une solution nouvelle pour élaborer des jonctions de métaux impossibles à obtenir par des procédés de soudage classiques.
Un principe, baptisé EMPW (Electro Magnetic Pulse Welding), qui a été mis au point avec la collaboration d’un partenaire allemand. « La constitution de satellites nécessite parfois des jonctions entre des matériaux spécifiques comme du titane et de l’inox ou bien du cuivre et de l’inox. Grâce à nos travaux de recherche, les soudures entre certaines matières jugées incompatibles ne posent plus de problème », illustre le directeur. D’autres études portant sur les moyens de lier des métaux avec de la céramique sont en cours actuellement.
Le cœur de métier de la société Gradel concerne le nucléaire, un domaine dans lequel elle exerce depuis plus de quarante ans. Son bureau d’études intégré conçoit des machines et des outils spéciaux utilisés dans les centrales. « Il s’agit, par exemple, d’aspirateurs, de cisailles, de grappins particuliers pour réaliser des manipulations à distance, généralement sous eau. Nous concevons également des engins de levage qui répondent à des cahiers des charges extrêmement exigeants et détaillés en termes de documentation », explique ainsi Udo Winkler, responsable Projets au sein de la société.
Les dirigeants de Gradel remarquent que leur savoir-faire tiré de leurs collaborations dans le domaine nucléaire est très intéressant pour l’aérospatial. « Nous avons une expérience poussée dans la constitution de dossiers lourds. C’est une excellente base pour intégrer des projets de l’industrie spatiale, dont les contraintes et exigences sont assez proches », ajoute Claude Maack. Gradel a également signé un contrat avec un constructeur de satellites pour fournir un équipement servant à la manutention d’un satellite lors de son montage. La société a donc la chance de disposer d’atouts spécifiques qui la démarquent de la concurrence. « Si vous n’avez pas de produits pointus, de particularités technologiques ou de capacités de gestion de projets susceptibles d’intéresser les ingénieurs de l’ESA, il est beaucoup plus difficile de convaincre », poursuit-il.
Gradel est une organisation habituée à gérer des projets complets comprenant l’étude et le suivi de fabrication. Ses compétences incluent également le montage et le service sur place chez le client, avec du personnel agréé pour travailler en zone contrôlée. L’entreprise bénéficie des certifications ISO 9001 et de sa certification KTA 1401 (assurance qualité réactive, ndlr) pour les centrales nucléaires allemandes, ce qui en fait un intervenant de référence dans ce secteur. Gradel s’est adaptée aux contraintes permanentes de sa clientèle, répartie dans le monde entier.
Pour répondre au haut degré d’exigences de ces clients, elle s’engage à respecter les standards de qualité du marché. « Nos activités comprennent aussi d’autres savoir-faire comme l’étude de champs magnétiques sur magnétrons industriels, ainsi que la fourniture de cibles métalliques ou de matériels spécifiques pour l’industrie du verre », précise Udo Winkler. La société prend en charge des missions de sous-traitance pour la conception de tôleries de précision, utilisées par les fabricants de moules de pneus. « La réalisation de lamelles multiplis, en 3D, ou soudées, ainsi que de lamelles spéciales très complexes fait aussi partie de nos compétences », ajoute-t-il.
À l’avenir, Gradel entend bien poursuivre son développement dans le domaine nucléaire et rester un fournisseur de choix pour les centrales, les centres de recherche et sites en phase de démantèlement, mais souhaite aussi accorder une part croissante aux activités consacrées à l’aérospatial. Dès l’année prochaine, ce volet devrait représenter 15 à 20 % de son chiffre d’affaires. « La demande en matière de télécommunications ne va pas cesser de croître, ce qui signifie que la production de satellites gagnera en importance. Ce secteur est d’autant plus prometteur qu’il est peu sensible aux fluctuations de la conjoncture économique mondiale. Même dans les périodes de crise importante, le besoin de recourir aux multiples services de télécommunications ne faiblira donc pas », conclut Claude Maack.