Alors que les exportations allemandes dans la zone euro ont baissé de 9% en septembre dernier par rapport à 2011, les PME allemandes maintiennent le cap sur la croissance de leurs activités à l’étranger. Selon une récente étude de la KFW-Bankengruppe (la banque de développement allemande), 64 % de ces entreprises prévoient augmenter leurs exportations d’ici à 2015, 34 % comptent les maintenir au niveau actuel et seule 2 % d’entre elles souhaitent réduire la voilure.
Ces entreprises du Mittelstand comme on dénomme en Allemagne ces PME performantes, orientées sur l’innovation et l’exportation, entendent ainsi poursuivre leur envol sur les marchés internationaux. Elles suivent le mouvement global de l’économie, alors que les exportations allemandes ont augmenté de 80 % en une décennie à 1 200 milliards d’euros. Comme le remarque la KfW, un quart des PME allemandes réalise aujourd’hui 20 à 30 % de leur chiffre d’affaires auprès de clients étrangers. Cette proportion est supérieure dans certains secteurs d’activité comme les industries des biens de transformation. Pour 86% des entreprises de cette branche, un tiers des ventes s’opèrent hors d’Allemagne.
Branches de pointe
Les PME allemandes puisent leur confiance dans la publication de nouveaux indicateurs positifs pour les branches les plus exportatrices de l’industrie allemande. « En septembre, les carnets de commandes ont fait état d’une croissance de 11 % par rapport à 2011 et les exportations de machines allemande ont augmenté de 7,7 % », relève Olaf Wortmann, expert de la conjoncture auprès de la VDMA, la fédération allemande de la construction mécanique. Il précise que si les USA en sont les principaux bénéficiaires avec une hausse de 25 %, « la Grande-Bretagne, le Benelux, l’Autriche et la France enregistrent des croissance à un, sinon à deux chiffres. » A noter qu’au rang des bons clients de la mécanique allemande, la Russie se positionne au quatrième rang après la Chine, les USA et la France. Comme l’annonce Wilfried Schäfer, secrétaire général de la fédération allemande de la machine-outil (VDW), „les livraisons vers la Russie se sont élevées à plus de quatre milliards d’euros au cours du premier semestre, soit 14 % de plus que l’année dernière. »
Facteurs de proximité
Dans le contexte de crise de la zone euro, l’optimisme des PME allemandes est d’autant plus surprenant que 92 % d’entre elles déclarent détenir au moins un pays européen au rang des destinataires de leurs produits, contre 28 % pour l’Amérique du Nord et 26 % pour la Chine. L’ancien continent demeure, envers et contre tout, le premier client de ces entreprises allemandes qui y réalisent un chiffre d’affaires de 278 milliards d’euros soit 47 % de leur chiffre d’affaires à l’international (11 % du PIB allemand).
A noter que si 53 % des PME exportent en Europe de l’Est et en Europe centrale, l’Europe occidentale reste leur partenaire privilégié. 57 % déclarent exporter dans l’Hexagone, 64 % dans le Benelux et 77 % chez leurs voisins transalpins. Ce dernier taux augmente d’autant plus que les entreprises sont de petite taille (entre 5 et 10 millions de chiffres d’affaires). Autre paradoxe soulevé par l’étude de la KfW : plus une entreprise est petite et moins elle déclare craindre la crise dans la zone euro. Et pour cause, la plupart d’entre elles entretiennent des relations avec des pays voisins immédiats, encore peu touchés par la récession : Autriche, Suisse, République tchèque et Pologne.
C’est d’ailleurs sur ces marchés de prédilection France et Benelux compris- que les PME allemandes lancent souvent le ballon d’essai de leur implantation à l’international. Un mouvement d’internationalisation qui, comme les exportations s’est intensifié au cours des dernières années. 20 % des 3 600 PME interrogées par la KfW ont investi entre 2007 et 2011 sur le sol étranger pour un total représentant un sixième de leurs investissements globaux. 78 % se sont implantées en créant une filiale étrangère, 24 % sous forme de joint-venture. Comme l’explique Michael Holz, expert auprès de l’IfM*, « Dans ces pays « cibles », les PME s’appuient sur le réseau des IHK (CCI allemandes, NdlR), qui leur offre une meilleure accessibilité aux marchés grâce à une bonne préparation en Allemagne et la mise à disposition d’outils au sein notamment de « company pools**».
Marie Luginsland
*IfM Institut für Mittelstandsforschung, Bonn (Institut de recherche sur les PME)
** regroupement temporaire d’entreprises agissant comme un incubateur de leurs activités à l’international