Jamais aussi peu d’Allemands n’ont songé à créer leur propre emploi. Cette tendance serait-elle à mettre au compte des indicateurs économiques, notamment ceux du marché du travail ? Selon l’Institut de recherches sur les PME, l’Allemagne n’a recensé que 346 000 créations d’entreprises en 2012, contre 401 000 en 2011. Une tendance confirmée par le nombre d’entretiens menés par les chambres de commerce. En 2012, seules 250 000 personnes ont poussé la porte des CCI pour s’informer sur la création d’entreprises, soit un quart de moins qu’un an auparavant. Leur nombre a même diminué de 28 % en cinq ans.
La DIHK, la fédération des chambres de commerces allemandes, qui vient de publier ses statistiques 2012, tient l’explication de cette involution : la bonne santé du marché du travail. En mars dernier, le taux de chômage atteignait 7,3 %, soit 3 millions de personnes. En revanche, en temps de crise, analyse la DIHK, la création d’entreprises apparait être comme un dernier recours. Dans ce pays où les allocations ne sont versées que pendant un an aux moins de cinquante ans et au maximum deux ans aux personnes de 58 ans et plus, les chômeurs préfèrent tenter de se mettre à leur compte plutôt que de dépendre de l’aide sociale.
La baisse des créateurs „involontaires“
La tendance à la baisse d’intérêt pour la création d’entreprise devrait d’ailleurs se poursuivre selon les statistiques de la DIHK, qui tablent sur 345 000 nouvelles entreprises d’ici à la fin de cette année. Du jamais vu depuis la Réunification !
D’année en année, deux tiers des créations concernent le secteur des services et de la banque-assurance, une option privilégiée par les sans-emplois en raison des investissements réduits. Cependant, l’analyse de la DIHK fait apparaître une désaffectation très nette pour les secteurs du transport et des activités de conseil. Les CCI y ont enregistré moins de 30 % de demandes. Pour ces catégories d’activités, il semble que la situation de salarié reste privilégiée dès que l’opportunité se présente au chômeur.
D’ailleurs, fait nouveau, les statistiques de la DIHK font apparaître que le nombre de créateurs volontaires est aujourd’hui aussi important que celui des créateurs „par défaut“. „Nous sommes en présence de candidats à la création d’entreprise qui prennent cette décision par conviction et non par frustration“, confirme Eric Schweitzer, président de la DIHK. Il se félicite par ailleurs d’une légère augmentation de la part du secteur industriel 6 % contre 4 % en 2010 au sein des créations d’entreprise.
La Recherche crée de l’emploi
Le président de la DIHK décèle comme autre tendance positive l’émergence dans les grandes villes d’un secteur de jeunes start ups très dynamiques dans le domaine des NTIC et du Web. „Elles ne constituent certes que 3 % de toutes les créations d’entreprise de ces cinq dernières années, mais elles créent deux fois plus d’emplois que la moyenne“, relève Eric Schweitzer.
Un constat qui va à l’encontre de bien des idées reçues. En effet, bien que faibles en effectifs, les secteurs de l’innovation et de la recherche ont grâce à leur dynamisme un réel impact sur l’emploi. Ainsi, une récente étude du ZEW (le centre de recherches économiques européennes) remarque que la création d’entreprises scientifiques génère 3,4 % plus d’emplois que les laboratoires scientifiques de l’industrie et des services.
Ces „Spinoffs“ issues du monde universitaire ou des centres de recherche accroissent leurs effectifs non seulement plus rapidement, mais elles emploient aussi davantage de personnes dès leur phase de démarrage : 6,8 salariés contre 5,1 pour leurs homologues de l’industrie ou des entreprises de service. À raison de 1 200 „Spinoffs“ créées par an en Allemagne, cela représente en moyenne 5 300 emplois nouveaux chaque année.