Le 16 septembre 2019, Emmanuel Imberton, Président de la CCI Lyon Métropole démissionnait, officiellement pour «raisons personnelles». Après une mandature particulièrement polémique, M. Imberton était remplacé par Philippe Valentin (photo), unique candidat en lice, choisi par la CPME et le Medef. Un profil qui ne manque pas, lui non plus, de susciter la polémique.

Lors de son mandat, M. Imberton se targuait de proposer «un nouveau modèle basé sur la réduction des coûts». Dès 2016, il supprimait 29 postes dans l’effectif de la CCI. Cette purge succédait à la création de la CCI Lyon métropole Saint-Etienne Roanne, née en janvier de la même année de la fusion des chambres de Lyon, Saint-Etienne Montbrison et Roanne Loire Nord. Méfiantes, les représentations de Villefranche, du Beaujolais et du Nord Isère refusaient l’invitation.

S’en suivies de multiples affaires ayant agité l’emlyon business school, sous sa tutelle : affaire Laurent Wauqiez et ses propos polémiques, classement sexiste parmi les étudiants, un blackface au nez et à la barbe de la direction, etc.
Mais c’est surtout la privatisation ratée de l’école qui précipite la chute de M. Imberton, tandis qu’il double en quatre ans le nombre d’étudiants, sans augmenter pour autant le nombre de professeurs. «Je suis scandalisée, tonnera Alice Guilhon, Présidente des écoles de management à la Conférence des grandes écoles. Le choix d’avoir ouvert le capital est irresponsable.» L’école est placée sous la surveillance de la Commission d’évaluation des formations et diplômes de gestion.

Philippe Valentin, Président antisocial ?

Le Président du Groupe Valentin, spécialisé dans la construction, a remplacé Emmanuel Imberton en 2019. Il saluait alors «le sens de l’intérêt général» de celui-ci. Il a manifesté le sien en demandant au préfet du Rhône l’interdiction de manifester en centre-ville de Lyon le 19 décembre 2020.

Mais c’est surtout au sein des Aéroports de Lyon (ADL) que se manifeste son peu d’empathie pour les salariés. La CCI en détient 25 % et occupe trois sièges au conseil de surveillance. Un poids qu’elle ne fait pas jouer se contentant de valider les choix discutables du consortium majoritaire Predica-Caisse-Vinci dans lequel Vinci domine.

Quelques semaines après l’élection de M. Valentin, David Kimelfeld, Président de la Métropole de Lyon, accuse Vinci de vider les caisses : «ADL a distribué 74 millions d’euros à ses actionnaires. Non seulement Vinci distribue l’ensemble des bénéfices, ce qu’on ne fait jamais dans une entreprise, mais ils piochent dans les réserves de trésorerie», précise M. Kimelfeld au Monde. Interviewé par nos soins, il nous confirme que la CCI se contente d’être informée des décisions de Vinci.

M. Valentin valide donc l’accord de performance collective signé en 2020 et sa quarantaine de ruptures conventionnelles, alors que Vinci a asséché le trésor. Le texte prévoit de dépasser la durée maximum quotidienne de travail. Des employés que nous avons contactés font part d’un climat de terreur avec une «direction qui fait tout pour casser psychologiquement les contestataires. Il y a des gens au bord du suicide».

La devise du groupe Valentin est signée Henry Ford : « Travailler ensemble est la réussite ». Ford était connu pour faire bastonner les syndicalistes par des miliciens.

 

par Stéphane Larue, pour Actualités-CCI

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